Traité de Mbé : un acte fondateur du Congo

Samedi 21 Septembre 2013 - 8:59

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10 septembre 1880-10 septembre 2013, il y a exactement 133 ans que le roi Makoko Eloo 1er signait, à Mbé, un traité avec l’explorateur français, Pierre Savorgnan de Brazza. Par cet acte, le roi des Tékés permettait à la République française d’établir son protectorat sur un vaste territoire faisant aujourd'hui partie du Congo-Brazzaville

La Civilisation culture et identité téké (Cité) qui a organisé une cérémonie officielle à la maison commune d'Ouenzé, mardi dernier, se souvient d’un fait considéré, à juste titre, comme l’acte fondateur du Congo et d’une partie essentielle de l’Afrique centrale. Selon Pascal Gayama, cette occasion leur permet également d’en tirer les leçons fondamentales aussi bien pour le présent que pour l’avenir. « Sur le plan du souvenir, la Cité estime essentiel de garder à l’esprit que le traité de Mbé a associé en son temps, deux protagonistes majeurs : Eloo 1er, souverain des Tékés, et Pierre Savorgnan de Brazza, explorateur français. Une histoire correctement restituée dans sa rigueur et sa vérité ne saurait par conséquent occulter la place et le rôle du premier pour ne souligner et exalter que ceux du second », a-t-il rappelé, précisant qu’un nationalisme congolais bien compris et bien assimilé devrait se soucier de rendre davantage honneur au souverain national qu’au fonctionnaire étranger.

Le président de la Cité a également rappelé que le successeur d’Eloo 1er, le Makoko Mbaendele, fut le premier véritable résistant congolais. Il mourut dans les geôles du pouvoir colonial pour avoir osé revendiquer ses prérogatives élémentaires. Cela, face à un pouvoir qui n’en avait cure et qui alla jusqu’à lui arracher ses insignes royaux aujourd’hui encore confisqués. « Il ne suffit donc pas que soit érigé dans notre capitale un imposant monument dédié à Brazza et fièrement présenté, urbi et orbi, en tant qu’essence même de l’authenticité et du nationalisme congolais pour que justice soit faite. Au contraire, cela ne ferait que susciter désarroi, doute et perplexité », a indiqué Pascal Gayama.  

Pour la Cité, il est indispensable que l’on puisse instaurer une juste relation entre les pouvoirs ancestraux et les institutions républicaines. De telles perspectives, a-t-il ajouté, supposent dispositions positives et bonne volonté qui, à leur tour, contraignent à des devoirs impérieux auxquels ne peuvent se soustraire ni les autorités politico-administratives ni les chefs traditionnels, moins encore les cadres et autres sujets tékés. Car, la reconnaissance des droits inaliénables des unes par les autres est le gage d’une saine cohabitation.

La Cité déplore l’accueil réservé au roi à Djambala

D’après Pascal Gayama, la manière dont l’actuel roi des Tékés, Auguste Guempio, a été reçu à Djambala, lors de la célébration du cinquante-troisième anniversaire de l’indépendance du Congo, a démontré une tendance loin d’être rassurante. « Non seulement des cadres tékés se sont arrogés des droits abusifs en s’attribuant des pouvoirs qui ne sont normalement réservés qu’aux dignitaires de la cour, mais ils sont allés jusqu’à s’autoriser d’inviter le roi sans lui garantir ni accueil, ni logement adéquat, ni attention quelconque au cours de la manifestation ou après celle-ci. Il s’est agi visiblement d’une dérive négative qui si l’on n’y prend garde contribuera à une banalisation regrettable des valeurs dont la royauté téké est tributaire », a-t-il critiqué.

Pour restaurer une dignité indispensable aux équilibres humains et sociaux, la Cité se propose de faire prochainement un état des lieux de la situation propre à une véritable reconnaissance culturelle et civilisationnelle adaptée au temps actuel. « Le traité du 10 septembre 1880 comporte ainsi tout un faisceau d’enjeux qu’il n’est que trop urgent et trop légitime d’intégrer dans les mœurs, sous peine d’inattention aux exigences fondamentales de la vie nationale. »

Cette célébration a donné lieu à un échange qui a porté, entre autres, sur la préservation du patrimoine culturel téké. La Cité a décidé de ne pas se décourager, même s’il s’agit, en quelque sorte, d’un oubli par les pouvoirs publics, elle doit toujours rappeler aux nouvelles générations que le 10 septembre est la date fondatrice du Congo.

Parfait-Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Pascal Gayama à côté du secrétaire général pendant la cérémonie. (© Adiac) Photo 2 : Les participants à la cérémonie de célébration du cent trente-troisième anniversaire du traité de Mbé. (© Adiac)