Secteur minier : Pittella réclame d’urgence une loi sur la traçabilité des minerais

Jeudi 16 Avril 2015 - 18:00

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De retour à Bruxelles, le député européen dénonce de nouveau et avec vigueur les minerais du sang en République démocratique du Congo (RDC) et ailleurs.

Il y a une semaine, Gianni Pittella a conduit une mission parlementaire des socialistes européens en RDC. En compagnie notamment de la Franco-italienne Cécile Kyenge Kashetu, ancienne ministre italienne de l’Intégration et aujourd’hui députée européenne elle aussi, Pittella a voulu donner un écho particulier à une préoccupation des socialistes en Europe : arrêter à la base les conflits persistants dans un pays comme la RDC. Les socialistes européens estiment que l’achat des minerais illégaux est un encouragement tacite à la poursuite des violences.

De retour à Bruxelles, Gianni Pittella a donné encore plus de vigueur à son combat contre l’illégalité, affirmant que l’âpre dispute autour des puits de fortune pour l’extraction de minerais précieux comme le coltan (qui sert dans les téléphones et les ordinateurs) est un encouragement à tuer et une complicité tacite des industries qui les achètent. « Nos téléphones portables sont tâchés de sang. Personne ne le sait, mais ceux qui le savent font semblant de ne pas le savoir », a-t-il dénoncé au cours d’une conférence de presse au siège de la Commission de l’Union européenne mercredi.

En tant chef du groupe parlementaire des socialistes, il a accusé ses collègues de la droite parlementaire européenne d’avoir bloqué la loi sur la traçabilité de ces minerais. Or, il y a urgence, selon lui. Car l’exploitation effrénée, sans règles et sans pitié de ces minerais, est aujourd’hui l’affaire de milices armées qui tuent et violent sans état d’âme. « Nous savons bien que ces groupes armés tuent et violent pour le contrôle total de tels gisements. Le Prix Sakharov des droits de l’Homme, le gynécologue congolais Denis Mukwege nous l’a dit : l’unique moyen d’y mettre fin est la traçabilité des minerais qui alimentent la guerre », a-t-il insisté.

Il accuse : la Commission industrielle du Parlement européen a voté contre cette proposition, « appuyée par les conservateurs et les libéraux qui représentent les intérêts des multinationales et non ceux des populations du Congo ». Très remonté, Pittella n’entend pas que sa mission soit un simple coup d’épée dans l’eau ; il appelle à la responsabilité collective pour mettre fin à un drame dont une partie des racines puise dans la pauvreté mais l’autre encore plus profondément dans l’avidité et l’indifférence des industries fabriquant des téléphones portables, d’ordinateurs et autres tablettes Ipad.

Pour sa part, Cécile Kyenge ajoute qu’avec le renforcement des contrôles sur la provenance et les modalités d’extradition des minerais, il faut aussi une aide plus résolue à la démocratie dans les pays africains exportateurs de ces matières premières stratégiques. « L’Europe doit veiller pour que la participation de tous (aux processus démocratiques) soit assurée ; protéger la liberté d’expression », a dit l’Italo-congolaise qui est membre du Parti démocratique (gauche, le parti du Premier ministre Matteo Renzi) en Italie.

Elle aussi est très en pointe sur les questions des droits de l’homme. Elle est très impliquée dans la recherche d’une voie de sortie dans le dossier bloqué des adoptions d’enfants congolais par des couples en Italie. Mais son « combat » est bien plus vaste, en Afrique et en Europe. « On vient, par exemple, de découvrir une fosse commune à Maluku (près de Kinshasa, Ndlr). L’Union européenne doit exiger une enquête internationale pour faire la pleine lumière sur cette affaire », dit-elle.

Lucien Mpama