Centrafrique : des soldats français, tchadiens et équato-guinéens accusés de viols sur des enfants

Samedi 2 Mai 2015 - 12:58

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Un rapport interne des Nations unies révèle que quatorze soldats français de l’opération Sangaris ainsi que leurs frères d’arme du Tchad et de la Guinée équatoriale, déployés en Centrafrique dans le cadre de la force internationale dans ce pays ont commis des viols sur des enfants.

L’étude réalisée par une fonctionnaire du Bureau intégré des Nations unies en Centrafrique (Binuca) évoque des viols sur des enfants vivant dans le camp de déplacés de l’aéroport de Mpoko à Bangui. Transmise à sa hiérarchie, l’enquête restée sans suite, a finalement été transférée au ministère français de la Défense.

L’ONU qui s’estime offensée dans le cadre de cette affaire, a déjà nié avoir cherché à étouffer les accusations d’abus sexuels sur des enfants par des soldats français en Centrafrique. « Toute insinuation affirmant que Zeid Ra’ad Al Hussein, actuel Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, aurait essayé de couvrir des abus sexuels sur des enfants est franchement offensante », a déclaré aux médias à Genève son porte-parole, Rupert Colville. Les Nations unies ne peuvent évoquer publiquement une enquête afin de protéger les victimes, en particulier lorsqu’il s’agit de très jeunes enfants comme en Centrafrique,  a -t-il expliqué.

D’après le rapport, une dizaine d’enfants – dont le plus jeune a neuf ans -, affirment qu’en échange de nourriture ou sous la menace, des soldats français ont abusé d’eux sexuellement. Des soldats tchadiens et équato-guinéens seraient aussi impliqués dans ces viols.

En attendant d’avoir toute la lumière sur cette affaire, Anders Kompass, fonctionnaire de l’ONU d’origine suédoise, est déjà suspendu de ses fonctions, au nom d’un manquement grave aux procédures, il risque d'être revoqué de ses fonctions.

En France, le président François Hollande a promis d’être « implacable » contre les auteurs de ces viols. Mais il faut encore attendre que les enquêtes ouvertes par la justice française et centrafricaine déterminent si ces soldats ont réellement abusé d’enfants comme l’affirment des témoignages circonstanciés de ces enfants. Le ministère français en charge de la Défense évoque, en ce qui le concerne, des faits qui seraient « une atteinte intolérable aux valeurs du soldat ». Il assure avoir pris, et prendra encore à l’avenir, « toutes les mesures nécessaires pour permettre la manifestation de la vérité » sur ce dossier.

Fortement médiatisée, l’affaire des viols sur des enfants par des soldats de la force internationale en Centrafrique entame la réputation de l’armée française, très présente en Afrique. Elle pourrait se révéler dévastatrice pour l’armée française, qui mène de nombreuses opérations de maintien de la paix dans certains pays africains tels que le Mali et la Centrafrique. Cet embarras des autorités françaises se traduit déjà par une série de déclarations très fermes à l’encontre des responsables de ces actes déloyaux.

Nestor N'Gampoula