Portrait : Achille Mouebo, le roi du Mutenfo

Samedi 16 Mai 2015 - 9:46

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Tam-tam d’or, Prix spécial du Jury musique métisse à Mombo Beach à Owando en 2009, Achille Mouebo, artiste musicien, compositeur, interprète et arrangeur, a acquit au fil des ans une belle réputation grâce à ses compositions populaires. Surnommé le Roi du Mutenfo, il nous parle de sa musique, sa passion et sa raison de vivre.

«J’ai débuté ma carrière en m’inspirant de ma propre histoire.  Né valide, j’ai été paralysé à la suite d ‘une injection de Quiniforme (traitement pour soigner le paludisme). Très tôt, j’ai été victime des railleries à l’école comme dans le quartier » explique Achille qui décide de monter sur scène non pas par révolte mais pour dire au monde que l’handicap n’est pas une fatalité.

Allant de son expérience personnelle, l’artiste en bon observateur de sa société tire ses thèmes dans le quotidien, une démarche singulière qui le  fait distinguer des autres artistes de la place comme le souligne Dorcia la vingtaine, « j’adore les chansons d’Achille car il conseille et éduque en même temps ». Même admiration pour Valdei qui déclare « la chanson qui m’a marqué est celle qui parle de l’inceste, les parents qui veulent sortir avec leurs filles et les beaux frères qui veulent coucher avec les sœurs de leurs femmes. Le tout est chanté dans un style un peu cocasse et c’est magnifique».

Sa musique est à la croisée des chemins comme en témoigne l’artiste « Un chanteur ne doit être limité, il faut qu’il s’ouvre au monde, c’est pourquoi j’ai crée un genre à moi que j’ai nommé le « Mutenfo » qui signifie  la joie, la gaieté, l’ambiance, le rythme, et  c’est en même temps aussi une danse. »

Un style de musique que Gaspard habitant du quartier la base apprécie tout particulièrement car fait-il savoir, « c’est un artiste très patriote, j’aime sa musique parce qu’il à un genre musical unique, entre musique moderne et traditionnelle ». Surnommé le Roi du Mutenfo l’artiste reconnaît que ce appellation lui a ouvert des portes puisque dit-il «  j’arrive à populariser ma musique et à  l’exporter hors du Congo ». Entre rock, zouk,  hard musique, rumba, l’artiste voue une admiration pour Francis Cabrel, Georges, Lucky Dube, Pamelo Mouka  Angelino, Jacques Rapha Boutzienki, (avec qui il réalise un duo nommé Kiwissa  qui signifie entente), des artistes qui l’inspirent au moment de ses créations.

D’ordinaire relaxe, l’artiste vêtu généralement d’un jean, des baskets et d’un foulard qu’il noue sur la tète, coutume qu’il acquit auprès de son défunt grand père qui l’a élevé. « Mon défunt grand père, avait toujours un foulard noué sur la tête et il était très propre et n’aimait pas que la poussière touche à ses cheveux, il me conseillait de faire autant. Voila comment est parti ce gout du foulard» explique le musicien qui s’empresse d’ajouter  «  mais je ne suis pas figé à ce look, il y a des moments où j’ose la cravate et le costume » explique t-il dans un éclat de rire.

Patriote, Achille Mouebo condamne le tribalisme, le régionalisme, car dit-il, « nous devons supprimer les barrières ethniques et ne former qu’une nation, et Nelson Mandela qui est mort tout dernièrement nous a laissé une belle leçon à ce sujet.» 

Enfin Achille débute sa carrière musicale en 1993 avec sa première composition nommée « Satan m’a jalousé » ou il  parle de son infirmité. Une chanson qui passe en boucle sur les ondes nationales et le propulse sur les scènes nationales entre 1993 et 1994. Après les événements de 1997, il se retrouve au Cameroun et c’est d’ailleurs là bas qu’il sort son premier album intitulé  Filiation en 2001 qui connaît un véritable succès national. En 2005, l’artiste sort un autre  album intitulé Vipère, en 2007, « L’invité, en 2009,  Onésime, en 2011, Faux prophète. Enfin « Crise morale » son récent opus annonce d’ores et déjà un belle accueil  auprès de la population‘ pontegrine.’ « Dans cet album, je parle de ce qui se passe aujourd’hui dans les lieux de veillées funèbres, ou certaines personnes soient disant pour honorer les morts sont obligés de danser nus, ou de se joncher sur les portières avec des bouteilles de bières, pour exprimer leurs douleurs» a fait savoir d’un ton moqueur le roi du Mutenfo .

 

Berna Marty

 

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Achille Mouebo

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