Le pape à ses ambassadeurs : « pas fonctionnaires d’Etat, mais représentants du Saint-Siège »

Le pape a rencontré jeudi matin au Vatican une cinquantaine d’étudiants de l’académie pontificale. Il s’agit de cet établissement prestigieux, situé en plein cœur de Rome, qui forme depuis des années les diplomates du Vatican, les fameux nonces apostoliques. Dans un discours dans son style si particulier, le chef de l’Église catholique a appelé à la modération et à l’exemplarité dans le style de vie. Un nonce apostolique, a-t-il rappelé, est d’abord au service de sa mission de paix entre les nations et entre les peuples, pas des diplomates se préoccupant de leur mise soignée et des salons de mondanité.

« Vous vous préparez à représenter le Saint-Siège auprès de la communauté des Nations et des Églises particulières où vous serez envoyés », a rappelé le Pape. « Le Saint-Siège, c’est le siège de l’évêque de Rome; c’est l’Église qui préside à la charité et qui ne s’installe pas dans un vain orgueil de soi, mais bâtit son travail sur le courage quotidien de la condescendance, c’est-à-dire de l’abaissement de son Maître, Jésus ». Pas d’effets de style donc, de manières policées qui ne suivent pas la pleine conscience de la mission au service des autres. C’est là, a-t-il dit en substance, que réside le vrai pouvoir de l’Église.

« La vraie autorité de l’Église de Rome, c’est la charité du Christ. On ne peut représenter quelqu’un sans refléter ses traits, sans renvoyer à sa figure. Or Jésus dit : qui m’a vu, a vu le Père. Vous n’êtes donc pas appelés à être les fonctionnaires d’un État, une caste supérieure qui se préserve et qui est admise aux salons de la mondanité, Vous êtes appelés à être les gardiens d’une vérité qui soutient profondément de l’intérieur ceux à qui elle est proposée et non le contraire », a insisté le Pape au cours de cette audience.

Il ne s’agit pas d’attendre patiemment dans son fauteuil que les choses du monde se fassent ; il s’agit « de labourer ce monde de vos mains, pas avec des tracteurs ou d’autres outils plus efficaces. Il s’agit de préparer le terrain, de semer, attendant avec la patience de Dieu, la récolte des fruits dont vous ne serez peut-être jamais les bénéficiaires. La mission d’un représentant pontifical demande la recherche de pasteurs authentiques. Cherchez, en vous guidant non pas par les prescriptions externes mais par votre boussole intérieure ». Le pape a exhorté les futurs diplomates à savoir se mouiller la chemise par un rapprochement avec les marginalisés de la terre, ceux qu’on a tendance à écarter.

Il a rappelé l’ampleur du travail d’un diplomate de l’Église, qui doit l’amener partout dans le monde : « dans cette Europe qui a besoin de se réveiller ; dans l’Afrique assoiffée de réconciliation ; en Amérique latine affamée et en recherche d’intériorité ; dans l’Amérique du Nord, destinée à redécouvrir les racines d’une identité qui ne se définisse pas à partir de l’exclusion ; dans l’Asie et en Océanie, appelées à faire face à la fermentation en diaspora et à dialoguer avec l’étendue de leurs cultures ancestrales ».