Burundi : une élection présidentielle à tout prix

Samedi 18 Juillet 2015 - 13:30

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Malgré les négociations initiées par le président ougandais Yoweri Museveni en début de semaine,  le pouvoir et l’opposition ne parviennent toujours pas à s’accorder sur la question du calendrier électoral. C’est dans ce climat marqué aussi par des violences, que le régime en place a décidé d’organiser l’élection présidentielle ce mardi 21 juillet.

Quatre candidats de la mouvance politique présidentielle sont en lice pour ce scrutin. Il s’agit notamment du président sortant Pierre Nkurunziza du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), Gérard Nduwayo de l’Union pour le progrès national (Upron), Jacques Bigirimana des Forces nationales de libération (FNL) et de Jean de Dieu Mutabazi de la Coalition des partis politiques pour une opposition participative (COPA).

Pierre Nkurunziza reste le favori de ce scrutin puisque lors du dernier sommet de la Communauté de l’Afrique de l’est, auquel avaient participé les seuls présidents tanzaniens et ougandais, la question du 3e mandat de l’actuel président burundais, pourtant à l’origine de la crise que traverse aujourd’hui ce pays, n’avait pas été évoquée. Les chefs d’Etat s’étaient plutôt contentés de désigner Yoweri Museveni comme nouveau médiateur dans la crise burundaise.

Si le dialogue accepté par le pouvoir s’est concentré sur quatre thèmes à régler que sont la sécurité, le calendrier électoral, le gouvernement d’union nationale et le troisième mandat, il faut noter que pour l’opposition l’urgence c’est avant tout les élections, dont le présidentielle.

Et malgré des appels de la communauté internationale pour reporter le scrutin présidentiel, le ministre burundais de l’Intérieur Edouard Nduwimana a déclaré que même si les discussions ont repris, le plus important est d’aller aux élections conformément à la Constitution. « Parce que si on va au-delà du 21 juillet, on risque de tomber dans un vide constitutionnel. C’est pourquoi, le dialogue politique en cours doit l’être conformément au prescrit de la Constitution républicaine et se poursuivre après les élections de 2015 », a-t-il soutenu lors d’un point de presse.

Edouard Nduwimana s’est réjoui de ce que les parties concernées se sont accordées sur un point sensible, à savoir « la formation d’un gouvernement d’unité nationale après les élections », recommandée par le dernier sommet de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) sur le Burundi. Il a en outre indiqué que la médiation menée par le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni a clairement recommandé aux parties prenantes burundaises d’« éviter de reproduire les questions ayant déjà obtenu des réponses » lors des sommets de l’EAC sur ce pays.

La présidentielle burundaise va avoir lieu malgré que trois personnalités du pays ont demandé que le scrutin soit organisé après les négociations « afin d’en garantir la sérénité, l’apaisement et, en voie de conséquence, la crédibilité ». Selon un communiqué, ces hommes ont écrit au président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) , Pierre-Claver Ndayicariye, estimant que « l’environnement politique et sécuritaire dans lequel les élections sont organisées, n’en garantit pas le caractère pluraliste, inclusif, libre, transparent, juste, équitable et démocratique ». « Ces élections ne sont pas en conséquence garanties de crédibilité », ont insisté les sénateurs Sylvestre Ntibantunganya et Domitien Ndayizeye, tous deux anciens chefs d’Etat, et le président du Front pour la démocratie au Burundi-Nyakuri (Frodebu-Nyakuri), Jean Minani.

Le Burundi, rappelons-le, est plongé dans une grave crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en fin avril sa décision de se représenter à un troisième mandat. L’opposition burundaise, estimant qu’une troisième candidature du président sortant est anticonstitutionnelle, avait appelé à manifester de manière discontinue contre le régime, provoquant une vague de violence et de répression de la part des autorités contre les manifestants. La situation s’est davantage compliquée après le coup d’État manqué du général Godefroid Niyombaré, un ancien compagnon d’armes de l’actuel président burundais.

 

 

Nestor N'Gampoula

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