L’Italie agacée par la contrefaçonLundi 27 Juillet 2015 - 15:13 Fabrications locales ou importées, les contrefaçons envahissent les marchés et les boutiques. Même du faux « made in Italy » alimentaire gagne l’Afrique. Danger. Il n’y a pas une plage aujourd’hui en Italie où des vendeurs ambulants, souvent africains, n’assaillent les touristes avec des bibelots en tous genres. Canotiers, lunettes contre le soleil, montres, parapluies, maillots de corps et autres maroquineries d’imitation sillonnent ainsi les plages, ou se proposent sur les étals de marchés. A bas prix. Car toutes ces breloques sont des produits de contrefaçon, dont les Sénégalais d’Italie se sont faits une spécialité. Il s’agit de produits d’imitation des marques de luxe, que la police ramasse de temps en temps par pilées entières, mais pour les voir resurgir à dos tourné. Tout y est : des chaussures d’une marque connue, aux téléphones et fausses imitations des objets de piété. D’ailleurs le Vatican ne s’est pas encore exprimé là-dessus pour la simple raison qu’il ne détient aucun droit de propriété intellectuelle sur les chapelets et autres statues de la Vierge Marie ou de Saint-Joseph. Mais il est certain que pour l’industrie ou l’artisanat ainsi plagié, le manque à gagner pourrait être considérable. Mais, à vrai dire, tout le monde trouve son compte dans ce genre d’activités. Une vraie chaîne de trafic s’est établie. Les fabricants sont, surtout, à Naples mais aussi en Chine et dans des pays des Balkans. Chaque jour, un intermédiaire sénégalais ou, de plus en plus, pakistanais ou chinois va prendre livraison du lot à écouler. Il revient à Rome ou dans les grandes autres villes italiennes où il remet une quantité régulière de ces marchandises à un groupe de revendeurs et il attend. Une fois fourguées, il ramasse l’argent des ventes et repart à Naples ou en Chine chercher d’autres marchandises. Et la machine continue de tourner, fournissant une activité (bassement) rémunérée à des immigrés, et permettant aux ateliers souterrains (dans tous les sens du mot) de fonctionner à plein rendement dans quelque faubourg de Naples ou de Nguouangzhou. Cette activité inquiète les professionnels par son ampleur. Chaque année, c’est vrai, des lots sont saisis et détruits par la police, mais aujourd’hui la contrefaction déborde, devenant un phénomène international. Une récente étude réalisée par la fédération italienne des commerçants et présentée à l’Exposition universelle de Milan la semaine dernière, a établi qu’un pays sur quatre (parmi ceux prenant part à cette exposition universelle) « consomme » des produits italiens contrefaits. Une expo dans l’expo a montré au public l’étendue du phénomène, avec quelques échantillons de ce faux « made in Italy » qui, s’alarme le syndicat, « représente une défiguration de l’identité et du savoir-faire italiens » en chaussures, maroquineries et autres objets de luxe de grande renommée. Le phénomène est d’autant plus inquiétant pour l’Italie que la contrefaçon, qu’elle soit le fait des Italiens eux-mêmes et de la mafia ou de contrevenants chinois et étrangers, ne se limite plus aux produits dont le risque ne réside que dans le moins de qualité. Même les aliments italiens reconnus : tomate en boîte, pâtes alimentaires, huile d’olive et même fromages (comme le fameux fromage de Parme, le Parmesan) commencent à circuler sous le manteau, produits dans des officines où on n’a pu saisir récemment des produits laitiers… sans lait ! Et les vins réputés remplissent les étals des caves sans qu’ils aient jamais vu un quelconque vignoble de Toscane ou de Ligurie! Le problème est que, dans les pays pauvres surtout, le risque est grand qu’une consommation basée sur la confiance à des produits réputés italiens ne finisse par causer une catastrophe sanitaire. Car les habitudes alimentaires sont devenues telles en Afrique, par exemple, que le produit que la ménagère met dans son panier voyage avec la réputation qui l’a toujours accompagnée. Pour qui ne sait pas lire ou qui n’est pas suffisamment attentive aux étiquettes une sauce tomate, du spaghetti, resteront tels. Produits dans les Balkans ou dans des alambics de fortune aux environs de Naples, la question sera : que met-on dans leur confection ? Lucien Mpama Notification:Non |