Migrants: l’hécatombe

Mercredi 5 Août 2015 - 13:59

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À cinq mois de la fin de l’année, le record de morts a dépassé celui de toute l’année 2014 dans la traversée en Méditerranée, affirme l’OIM.

Ils sont morts par noyade, par asphyxie dans les cales des bateaux, de faim ou de soif, de froid : plus de 2000 migrants ont perdu la vie dans la folle tentative de gagner l’Europe dans des embarcations de fortune par la Méditerranée. Partis le plus souvent des côtes de Libye, un pays livré à lui-même, ces migrants sont une majorité d’originaires d’Afrique sub-saharienne et du nord. L’Organisation internationale des migrations (OIM) qui a donné ces informations mardi, indique que ce sont 188.000 migrants qui sont arrivés depuis janvier en Europe, principalement en Grèce et en Italie, via la Méditerranée. L’OIM pense que le chiffre symbolique de 200.000 personnes sera « très rapidement atteint », si pas dépassé : un autre record !

Mais aussi bien l’OIM, les gouvernements du bord de Méditerranée que les organisations humanitaires ne prennent en compte que le nombre des corps matériellement repérés, ensevelis ou retrouvés. Personne ne saura jamais le nombre de ceux en décomposition dans quelque coin de désert, les témoignages des survivants font pourtant régulièrement état de squelettes jalonnant les routes de passage des téméraires. Mais même en partant de cette condition restrictive, l’OIM affirme que cette année sera celle des records absolus, puisque l’année passée, elle n’a pu comptabiliser que - si l’on peut dire  - 1.607, entre janvier et juin 2014.

Rien que la semaine dernière les sauveteurs en mer ont repêché et/ou ramené à terre, en Sicile (Italie du sud), 19 corps de migrants. Ils s’ajoutent au chiffre officiel publié par l’OIM mardi. L’organisation affirme que pour 14 des 19 corps ramenés dans le port sicilien de Messine, la mort était intervenue des suites d'épuisement et de soif après que l'eau potable eut été utilisée pour refroidir le moteur de  leur bateau. Cela ajoute à l’horreur du drame mais en matière de migration, une horreur de plus ou de moins ne fait plus aucune différence désormais.Car les chiffres dépassent l’entendement. Toutes les larmes des familles restées sans nouvelles, ignorant même parfois jusqu’à la disparition de leur fils/fille du cercle des relations, n’y font rien. Pas plus que la tentative de remontée de la chaîne des responsabilités. L’Erythrée dont des ressortissants se retrouvent régulièrement dans les groupes des candidats à la traversée (et donc aussi des cadavres comptabilisés) accuse des trafiquants. Cela n’est désormais plus qu’un aspect devenu dérisoire devant l’ampleur du drame.

Tout comme le sont les décisions ou tentatives de construction de murs en Hongrie, entre la France et la Grande-Bretagne ou en Turquie. C’est tenter de colmater une digue qui fuit de partout avec de la paille frêle. Car la répétition des drames en Méditerranée interpelle tout le monde, depuis les pays de départ des migrants jusqu’aux destinations visées, en passant par les pays de transit qui ont vite fait de se laver les mains en laissant faire. Le phénomène est devenu une source d’inspiration pour les partis politiques de droite et de gauche en Europe. 2000 morts en Méditerranée, 2000 voix dans l’urne ?

Lucien Mpama

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