Migrations: un plan Marshall pour l’Afrique est nécessaire, estime Laura BoldriniMercredi 22 Juin 2016 - 16:54 La présidente de l’Assemblée nationale italienne est d’avis que la solution aux flux migratoires passe par des investissements effectifs en Afrique. La présidente de l’Assemblée nationale italienne estime que le temps est venu de s’attaquer, à la base, aux causes qui produisent aujourd’hui les flux de migrants qui tentent d’entrer en Europe. Au prix de mille et une difficultés, les jeunes d’Afrique notamment, affrontent des dangers inouïs pour venir chercher une vie meilleure en Europe. Souvent, c’est la mort qui les attend en chemin : mort de soif dans le désert du Sahara avant d’atteindre la Libye ; séquestrations et violences dans ce pays ; noyades en Méditerranée… C’est pourquoi, pour Mme Laura Boldrini, il ne suffit pas de combattre l’immigration clandestine en laissant intacte la pauvreté qui pousse bon nombre de personnes adultes ( hommes, femmes et enfants), à fuir en masse (5000 départs de jeunes Erythréens chaque mois, par exemple, suivant les chiffres de l’ONU). Lorsque, en plus, la pauvreté engendre la guerre et les conflits, le choix pour beaucoup se réduit à mourir tout de suite sur place ou à aller mourir, plus tard, à l’étranger. La présidente de l’Assemblée italienne a visité, cette semaine, un camp de réfugiés au Liban. Elle y a réaffirmé une conviction qui se fait évidente en Italie. « Nous vivons dans une enclave ; nous devons donc trouver des solutions politiques ou économiques pour affronter les causes des migrations. Si nous ne parvenons pas à stabiliser ces pays, c’est nous que ce phénomène déstabilisera ». Le volet économique de ce défi, on peut le relever grâce à « un plan de développement qui ne soit pas fait de miettes mais qui repose sur des investissements massifs, à l’identique du Plan Marshall lancé par les Etats-Unis après la Deuxième Guerre mondiale et réalisé non par générosité, mais parce qu’il convenait à eux ». La situation actuelle invite à rechercher des solutions durables identiques. Cela constitue une urgence, répète-t-on, ces jours-ci à Rome. Le ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano, a fait savoir lundi que les renvois de migrants seront désormais la seule réponse qui fasse éviter un effondrement général de tout le système d’accueil dans la péninsule. C’est pourquoi, il se réjouit que l’Union européenne ait favorablement accueilli la proposition de M. Matteo Renzi, Premier ministre italien, d’investir en amont du phénomène des migrations pour les stopper en aval. « Finalement l’approche globale a prévalu, c’est l’approche italienne. Nous œuvrons en Afrique, en mer, en Europe. Mais je répète : le point central, ce sont les rapatriements de migrants. Le mécanisme fonctionnera si les opérations de rapatriements (de migrants) fonctionnent », a dit M. Alfano. Pour sa part, l’organisme catholique « Migrantes » ajoute que l’Occident doit aussi mettre un terme à la vente « exponentielle des armes à l’Afrique, s’il veut voir les effets durables de tout Plan Marshall ». Lampedusa : ses immigrés, ses côtes, ses tortues. Si le port italien de Lampedusa est connu dans le monde entier pour être le premier point de débarquement des migrants clandestins tentant de gagner en Europe, ses habitants n’en sont pas moins des gens ordinaires « d’une extraordinaire hospitalité », selon le propos d’un touriste. Mais ils sont également soucieux de ne pas laisser se dégrader les côtes où arrivent chaque semaine des dizaines d’embarcations chargées de migrants et des centaines d’oiseaux, migrateurs eux aussi. Tout autour de Lampedusa l’espace maritime et terrestre est protégé et constitue une réserve naturelle. Il est aussi le lieu de prédilection des tortues. La Legambiente, ligue italienne pour la sauvegarde de l’environnement, et d’autres associations écologistes entendent y mener une double action : de sauvegarde des animaux et d’accueil et respect des droits des migrants. Une association locale et de nombreux autres organismes comme la Croix Rouge ou l’université de Palerme se rejoignent dans la volonté de sauver et les humains et les animaux dans une zone très particulière. En raison de sa situation géographique au milieu de la Méditerranée, la zone côtière de Lampedusa « joue un rôle de confluence de la faune, de la flore et des êtres humains provenant de trois continents : l’Europe, l’Afrique et l’Asie », notent les écologistes. Ils entendent donc la protéger de manière privilégiée sans que l’accueil des humains ne se fasse au détriment des animaux ou vice-versa. Lucien Mpama Notification:Non |