L’Italie musulmane a adhéré l’opération chrétiens-musulmans

Lundi 1 Août 2016 - 18:40

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Des imams et des musulmans de toute l’Italie sont allés dans les églises dimanche pour marquer leur solidarité après l’égorgement en France du Père Hamel.

Ils ont été, disent les chiffres officiels, plus de 23.000 musulmans qui ont décidé dimanche de franchir les portes des églises catholiques pour venir dire aux chrétiens : « l’islam ne recommande pas de tuer ». L’opération a été lancée en France, et a eu une répercussion presqu’immédiate en Italie. Le pays, sa population et son exécutif ont été littéralement révulsés d’apprendre que des islamistes avaient osé égorger un prêtre, le père Jacques Hamel, sur son autel alors qu’il célébrait la messe. Un inédit dans l’horreur-sacrilège ensuite revendiqué par l’organisation Etat islamique.

Pendant longtemps, les chrétiens ont oscillé entre la tentation de cataloguer irrémédiablement l’islam comme religion de violences et l’effort de distinguer les extrémistes et les autres. Des voix se sont levées pour déplorer le silence de « l’autre islam » ; celui qui, après chaque acte terroriste, continue de soutenir que les auteurs des attentats et autres décapitations sont différents : « cela n’est pas l’islam vrai ». Aussi, l’initiative des musulmans de France, les premiers, à aller exprimer à la fois leur condamnation du sacrilège et leur solidarité aux chrétiens, est-elle vécue comme un véritable tournant. Geste fort.

En Italie donc, la Communauté du monde arabe, la COMAI, a lancé l’appel, et, dimanche des musulmans sont arrivés dans les églises et les basiliques de Rome et de tout le pays. Foad Aodi, président de la COMAI a « prié » à l’église Saint Joseph à Rome. Le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, en a presque été ému. « Merci à tous les Italiens de religion musulmane qui indiquent à leur communauté la voie du courage contre le fondamentalisme ».

De Milan au Nord à Palerme au bout de la Sicile, de petites délégations d'imams, de responsables et de fidèles sont arrivés dans les paroisses, accueillis littéralement à bras ouverts. « Avec nos frères musulmans qui sont là aujourd'hui, nous demandons au Seigneur le don de la paix », a ainsi dit Mgr Gennaro Acampa, évêque auxiliaire de Naples, lors de la messe à la cathédrale.

A Rome, une délégation s'est rendue à l'église Santa Maria du Transtevere, quartier général de la communauté de Sant'Egidio, connue pour ses efforts de médiation à travers le monde. Les musulmans d’Italie, presqu’unanimement, ont dit se rendre dans les églises « pour donner un témoignage concret de fraternité spirituelle et de respect des rites, des ministres et des lieux de culte des chrétiens ».

Mais des dissonances se sont fait entendre à Rome et à Lecce notamment, où l’imam local, tout en disant se joindre avec respect aux appels à la paix et à la concorde du pape François, a posé la question de tous ceux qui ont dénoncé « un show ». Pour lui, il s’agit de savoir « ce que sera la prochaine étape : la conversion ? ». Question légitime sans doute, mais qui n’a pas réussi à altérer une atmosphère de joyeuse entente et d’espoir de voir enfin « l’autre islam » se réveiller dans des nations chrétiennes non-ennemies.

Lucien Mpama

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