Prix des 5 continents de la Francophonie: un nouvel auteur à découvrir cette semaineSamedi 2 Septembre 2017 - 9:45 Pendant 10 semaines, jusqu’aux délibérations du jury, Les Dépêches de Brazzaville présentent les dix romans finalistes du 16e Prix des 5 continents de la Francophonie. Le Prix sera remis le 11 octobre de 9h30 à 10h30, sur le Pavillon d’honneur « Francfort en français » dans le cadre de la Foire internationale du livre de Francfort (Allemagne)
Ce dernier ne sembla pas entendre ma question et poursuivit impassible son récit. – Quand ton frère a tué la vieille, il nous a aussi flingués tous les deux… Ce crime fut un terrible révélateur : nous n’étions pas incroyables… Ce que je faisais à Beyrouth était tout aussi odieux que ce que trafiquait Kamal. Nous étions deux salopards. Il travaillait dans l’ombre des Forces Libanaises. Ce n’était pas un petit dealer. À cette époque, il ne s’agissait plus d’alimenter nos miliciens en drogue mais d’acheter, de revendre, de fournir toutes les autres milices et de créer une source de revenus considérables pour les phalangistes. Kamal était précieux car il avait su créer et entretenir de solides relations avec nos ennemis. Il possédait des contacts avec tous les groupes armés et se déplaçait sans peine d’un camp, d’un front à l’autre. La voix de Fouad s’affaiblit, ses mots résonnèrent tout à coup dans le timbre assuré d’un psychiatre de la Faculté de médecine de Beyrouth. Dans une interview que j’avais lue quelques années plus tôt, ce dernier témoignait sur les liens entre la drogue et les milices libanaises pendant la guerre. Il racontait que la majorité des drogués étaient recrutés parmi les jeunes combattants. Au début du conflit, le trafic était sous la responsabilité de petits dealers de quartier embauchés par les dirigeants des milices comme « adjoints »… Zaven Berberian… Il ne s’agissait alors que de soulager les jeunes recrues par quelques pétards. Le psychiatre affirmait que très vite les milices ont compris que la drogue pouvait aussi être une arme de destruction. Elles s’engagèrent alors dans une guerre des toxiques pour infecter les troupes adverses. » A propos de l'auteur Anne Nicoleau Defraiteur est née en 1972 en Belgique. Journaliste, elle a vécu au Liban pendant quatre ans. Elle a enseigné les techniques journalistiques d’écriture à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Suite à la guerre qui éclate en juillet 2006, elle quitte brutalement le pays. Elle habite aujourd’hui dans le sud de la France où elle partage son temps entre écriture et création graphique. Son roman Palace Café est le témoin de l’histoire d’amour brève et intense qu’elle a eue avec Beyrouth. Sans Légendes et crédits photo :cp/dr Notification:Non |