Justice : dix ans de prison pour l’opposant Diomi NdongalaJeudi 27 Mars 2014 - 15:43 La Démocratie chrétienne (DC) parle d’un montage grossier de la part du pouvoir de Kinshasa. La Cour suprême de justice a condamné, le 26 mars, Eugène Diomi Ndongala à dix ans de prison. Ce verdict est tombé dans la soirée du mercredi, « en l’absence de l’accusé et de ses avocats ». L’opposant congolais, président de la DC et porte-parole de la majorité présidentielle populaire (MPP) était poursuivi pour viols sur mineures. Son parti et les autres partenaires de cette formation politique ont toujours considéré cette affaire comme un procès politique intenté contre ce leader de l’opposition à cause de son soutien à Étienne Tshisekedi et sa réclamation sur la vérité des urnes, après la contestation, en 2011, de la réélection du président Kabila. Dans une intervention sur Radio France internationale, le secrétaire général de son parti, Freddy Kita, a qualifié ce procès d’«un montage grossier de la part du pouvoir de Kinshasa ». « Nous avons exigé l’ouverture des débats, la Cour suprême ne l’a jamais accepté. C’est un montage grossier du pouvoir de Kinshasa qui cherche à isoler l’opposition politique congolaise que nous sommes », a-t-il martelé. Une affaire truffée des incohérences Pour ce parti d’Eugène Diomi, qui a toujours rejeté ces accusations, cette procédure judiciaire n’a toujours été qu’un procès politique destiné à réduire au silence l’opposant. La DC et les proches du député invalidé soutiennent leurs affirmations par des nombreuses « incohérences » relevées au cours de ce procès, notamment la non-application par les juges de trois ordonnances de la CSJ l’assignant à résidence, en le gardant en détention à la prison centrale de Makala, ainsi que la non-considération des exceptions relevées par la défense lors des audiences. Ils reprochent également à la justice, la non-prise en compte de l’état de santé dégradant de ce prisonnier et le refus de lui permettre de bénéficier des soins appropriés. On rappelle que c’est depuis avril 2013 que Diomi Ndongala a été incarcéré à la prison centrale de Makala, alors que son immunité parlementaire a été levée la même année sur demande du procureur général de la République afin de lui permettre d’engager des poursuites judiciaires contre lui. On note également que Diomi Ndongala était porté disparu en juin 2012. Il a réapparu près de cent jours après. Ses allégations ont soutenu qu’il avait été enlevé et détenu par les services secrets qui lui reprochent ses prises de position en faveur d’Étienne Tshisekedi. Quelques mois après, un groupe de treize personnes a été présenté comme membre d’un mouvement insurrectionnel dénommé « Impérium » dirigé par ce député invalidé en détention, qui avait pour mission d’assassiner le Premier ministre et le chef de l’État. Parmi les treize personnes présentées, neuf sont des policiers et des militaires. Le groupe compte également une femme. Selon la police, le jour de leur arrestation, le groupe se préparait à attaquer le cortège présidentiel lors de son passage vers sa ferme de Kingakati, dans la périphérie est de la ville de Kinshasa. Pour la famille et le parti politique de Diomi, tous ces montages ont été concoctés en vue de réduire au silence cet opposant qui devenait de plus en plus gênant. Par ailleurs, les observateurs relèvent que tout au long de cette affaire, aucune fois Étienne Tshisekedi ni son parti n’ont ouvertement manifesté leur soutien à celui qui incarnait la lutte pour « la vérité des urnes », en fondant la MPP dont il est le porte-parole. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo :Photo 1:Eugène Diomi, lors d’un procès à la Cour suprême de justice à Kinshasa, le 16/09/2013/Photo John Bompengo/RO
Photo: Freddy Kita et un des avocats-conseil de Diomi, Me Richard Bondo, dénonçant des irrégularités au procès/Photo LDB
Photo 3: la femme de Diomi, Patrizia, dénonçant les conditions de détention de son mari/Photo LDB |