An African City : la jolie réponse d’Accra à New YorkSamedi 19 Avril 2014 - 2:37 La comparaison avec Sex and The City est inévitable. Tel le quatuor féminin new-yorkais le plus célèbre du petit écran, les cinq filles trentenaires de An African City vivent dans une grande ville, sont dynamiques, émancipées, belles, célibataires, brisent des tabous et ont fait fortune. An African City est une web-série ghanéenne conçue par la scénariste Nicole Amarteifio et la productrice Millie Monyo. Elle est diffusée depuis le 22 mars sur le site Anafricancity.tv. À ce jour, une saison de dix épisodes est à découvrir en ligne An African City met en scène cinq jeunes femmes qui ont quitté l’Afrique pour faire des études et des affaires aux quatre coins du monde. Nous avons Ngozi (Esosa E), élevée dans le Maryland, pieuse et titulaire d’un diplôme de commerce international ; la businesswoman Zainab (Maame Adjei), Ghanéenne née en Sierra Leone ; Sade (Nana Mensah), Ghanéenne-Nigériane élevée au Texas, diplômée d’Harvard qui a partagé sa vie entre Boston et New York ; Makena (Marie Humbert), née au Kenya d’une mère ghanéenne et d’un père anglais, diplômée d’Oxford et qui fait état d’une belle carrière. Fraîchement divorcée, elle retourne sur le continent sans travail. Enfin, Nana Yaa (Maame Yaa Boafoo), l’héroïne et narratrice de la série. Elle est aussi ghanéenne et a été élevée dans l’État de New York. Journaliste, elle a, comme ses copines, étudié dans de prestigieuses universités : Georgetown et Columbia. Toutes reviennent à Accra, au Ghana, leur terre natale, avec leur diplôme en poche, des ambitions entrepreneuriales ou une belle promesse d’embauche, aspirant à l’amour et au succès. Entre jalousie, concurrence et rejet, elles devront affronter différents chocs culturels et se battre pour retrouver leur place. Une série en guerre contre les préjugés Comme ses héroïnes, la scénariste Nicole Amarteifio est allée voir ce qu’il se passait en dehors du continent. Après des études de communication, d’études africaines et une orientation professionnelle engagée dans le développement de l’Afrique, tout cela entre le Massachussetts et Washington DC, elle est retournée chez elle au Ghana où les relations hommes-femmes l’ont intriguée, puis inspirée. C’est ainsi qu’elle a jeté les lignes de sa série. Un homme se mettant à genoux pour prier après avoir trompé sa femme dans le lit conjugal, un entretien d’embauche se soldant par une invitation à dîner, un amant incapable d’ouvrir un emballage de préservatifs… Nicole Amarteifio met en scène avec humour ses héroïnes dans des situations non fictionnelles pour pointer des travers que l’on retrouve finalement un peu partout dans le monde. Elle représente dans un autre temps l’Africaine en femme forte et accomplie, en opposition avec les images véhiculées d’ordinaire. An African City donne une vision positive du continent. Du glamour, du succès, des ambitions, on est loin des images de violence et de famine qui circulent d’ordinaire : « Nous montrons une vision différente de l’Afrique dont bon nombre de personnes ne savaient pas que cette réalité existe », explique le productrice, Millie Monyo, à la radio américaine NPR. Afropolitanisme Si on ne peut pas parler de vérité générale, les sujets de An African City représentent une classe moyenne émergente bousculant un certain nombre de préjugés sur l’Afrique. On parle d’afropolitanisme, un concept théorisé par le penseur d’origine camerounaise Achille Mbembé et impulsé par les Africains ayant choisi de faire l’expérience d’autres mondes, en vivant hors de leur pays ou hors du continent, capables de s’exprimer dans d’autres langues, de développer une sensibilité et un regard pluriels, développant une forme de culture transnationale. Ces femmes multilingues, audacieuses, féminines, à la répartie bien ficelée évoluent dans une métropole africaine où il y a des opportunités à saisir. Une image positive donc, renforcée par une photographie soignée et une esthétique de qualité. An African City est une série moderne et glamour, qui rappelle au monde la richesse, la beauté et le dynamisme du Ghana, de l’Afrique plus largement. Morgane de Capèle |