Expulsion de migrants au Rwanda : premier revers judiciaire pour Boris Johnson

Jeudi 16 Juin 2022 - 13:54

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Le premier vol  de migrants illégaux vers le Rwanda est sous le feu de la communauté internationale et des organisations non gouvernementales. Ce devait être un vol chargé de symbole et marquant la détermination du gouvernement du Premier ministre conservateur anglais, Boris Johnson, à dissuader les arrivées clandestines au Royaume-Uni, en envoyant des migrants au Rwanda, à plus de 6 000 km de Londres.

 Le nombre de personnes devant être expulsées du Royaume-Uni avait fondu à seulement sept après des recours individuels, contre jusqu'à cent trente initialement prévues. Pour une question de « principe », alors que l'avion spécialement affrété était prêt à décoller, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a bloqué des expulsions, motivant sa décision par les préoccupations soulevées par le le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, à savoir le Royaume-Uni est signataire de la Convention internationale sur les réfugiés. Le fait d’ « exporter » les responsabilités qui en découlent « va à l'encontre de toute notion de responsabilité et de partage international des responsabilités », selon un responsable de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Cette décision de la CEDH n’a pas dissuadé Londres qui compte poursuivre son projet populaire au sein de son électorat mais critiqué par l'ONU, l'Eglise anglicane et le prince héritier Charles. Mais « nous n'allons pas être découragés », a déclaré la ministre britannique de l'Intérieur, Priti Patel, soulignant que « les préparations pour les prochains vols avaient déjà commencé ». Néanmoins, le gouvernement de Boris Johnson, compte, avant de décider des suites à donner, « étudier attentivement ce jugement » de la CEDH, a ajouté le porte-parole du gouvernement britannique. Par exemple,  s'assurer que les migrants pourront avoir accès à des procédures équitables au Rwanda, une inquiétude des organisations non gouvernementales. La CEDH n'a pas jugé le dispositif « illégal » et sa décision ne constitue « une interdiction absolue » d'expulser les migrants vers le Rwanda, qui est « un pays sûr », a insisté Priti Patel face à l'opposition travailliste qui a dénoncé une politique « honteuse ».

Furieux, des députés de la majorité conservatrice y voient une atteinte à la souveraineté du Royaume-Uni et ont appelé à abandonner la Convention européenne des droits de l'Homme, que le pays a contribué à façonner en 1950 et qu'il a transposée en loi. « Oui, retirons-nous de la Cour européenne des droits de l'Homme et stoppons leur ingérence dans la loi britannique », a tweeté l'élue conservatrice, Andrea Jenkyns. A demi-mot, le Premier ministre, Boris Johnson, s’est montré ouvert à une telle éventualité, frustré de voir la politique migratoire du gouvernement contrecarrée en justice européenne. L'institution n'a aucun lien avec l'Union européenne, que les Britanniques ont quittée avec le Brexit en janvier 2020. En envoyant des migrants au Rwanda, Londres entend freiner les traversées illégales de la Manche, qui ne cessent d'augmenter malgré ses promesses répétées de contrôler l'immigration depuis le Brexit. Le Rwanda a affirmé qu'il n'était « pas découragé » par l'annulation du vol et restait « engagé » dans ce partenariat, financé par Londres dans un premier temps à hauteur de 120 millions de livres (140 millions d'euros).

Noël Ndong

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