Les souvenirs de la musique congolaise : l’épopée de l’orchestre Bantous

Jeudi 20 Octobre 2022 - 18:12

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Avec l’entrée dans l’orchestre Bantous de deux artistes talentueux, en l'occurence Mujos et Gerry Gérard, le style "manzanza" (utilisation de la batterie que certains mélomanes comparaient à des tôles et à la ferraille en guise de moquerie) disparut et fit place à la rumba dite Odemba. Ainsi naquit au sein de l’orchestre Bantous de la capitale un nouveau style musical qui est la symbiose de deux styles (Ok Jazz et African fiesta) dont cet orchestre excelle jusqu’aujourd’hui.

Un répertoire riche et varié en rumba, tcharanga, boléro, etc. Des titres tels que "Bolingo Elie", "Anto na nganda", "Comité ya Bantous", "Brazza mboka etumba", "Pavacillar" et autres chefs d’œuvres connurent un succès époustouflant, ont fait danser et emballer les mélomanes des deux rives du fleuve Congo et d’ailleurs.

La chanson intitulée "Anto na nganda" (œuvre d’Essous) fut une illustration de l’événement que le monde musical congolais, surtout brazzavillois, vécut à l’occasion de l’arrivée de Joseph Mujos Mulamba dans l’orchestre Bantous. Ce fut un événement de grande portée musicale et suscita la joie au Bar Faignon lors de sa première sortie avec les Bantous. La chanson « Anto na nganda » en est l’illustration : « Eyaki Mujos na Béa, Félie moké na sima ô ! Bisengo bi mati é ! Na nganda ya Faignon ô ! Féli moke ko banga té ! Bantous se ba yo ! Bisengo bi mati é ! Na nganda ya Faignon ô ! Célio na Mujos ba zo yemba, Nino na Essous ba zo bola ô ! Anto na Clarisse ba zo bina ô ! Okati ya Lipopo ba za ko kamwa, Okati ya Béa ba zo tuna ô ! ».  Ce que l'on peut à peu près traduire par : « Célio et Mujos chantent, Nino et Essous jouent leurs saxophones, Anto et Clarisse dansent, à Léopoldville c’est la stupéfaction et à Brazzaville l’on se demande et se pose des questions au sujet de l’ambiance, la joie chez Faignon avec Mujos et les Bantous de la capitale ».

Ainsi, l’arrivée de la star Mujos, chanteur à la voix chaleureuse et émotionnelle, dans l’orchestre Bantous, apporta une nouvelle démarche musicale qui le singularisa à cette époque. L’orchestre Bantous, plus que jamais debout par ses tubes, enchantait les fans et enchaînait succès sur succès.

Lors de ses sorties dans les différents bars dancings de Brazzaville, Dolisie et Pointe-Noire, pris d’assaut par le public et les "nguembos", tout le monde voulait voir ce bel homme arborant parfois des lunettes sombres et virtuoses de la chanson à la voix envoûtante.

Arrivé dans l’orchestre au début du mois de janvier 1964, Joseph Mujos Mulamba, contre toute attente, quitta précipitamment le groupe vers la fin de l’année. Il traversa nuitamment le Pool Malebo et rejoignit Léopoldville, craignant les représailles de la part d’un dignitaire du régime de l’époque qui le soupçonnait d’une idylle avec sa conjointe, laissant ainsi les supporters et fans des Bantous dans la consternation. Quelque temps plus tard, Mujos réintégra l’OK Jazz.

En 1972, après la dislocation de l’African Team à Paris, ensemble musical composé de stars telles que Grand Kallé, Kwamy, Mujos Edo Clari, Manu Dibango, Don Gonzalo et Essous, et qui produisit des œuvres de grandes qualités artistiques au cours des années 1966 et 1970. Mujos fit un come-back dans l’orchestre Bantous où il retrouva ses anciens compagnons de l’année 1964.

Son retour dans les Bantous fut de courte durée et marqué par deux grands concerts dont l’un à Pointe-Noire et l’autre à Brazzaville à l’Hôtel Cosmos. Il quitta la terre des hommes en 1977 à Kinshasa. (A suivre)

Auguste-Ken-Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Les Bantous de la capitale / Photo d'archives

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