Enyellé : un vent de fraîcheur dans la musique autochtone

« Par mon art, je défends le peuple autochtone et je prône aussi le vivre-ensemble », a lancé d’emblée Dj Anti-complexe dont le nom provoque indubitablement des fous-rires vu qu'il est automatiquement assimilé au téléphone « anti-complexe ».

Très connu dans sa contrée, il chante en Lingala ou en Baka sa langue maternelle. « Je chante pour le plaisir, même si des fois je suis incompris, les gens se laissent en général emporter par le rythme et la cadence », a assuré le DJ dont la musique est devenue un moyen de faire découvrir sa communauté et son patrimoine culturel.

« Ce n’est pas seulement une question d’autochtone ou non. Ma musique permet d’unifier les peuples pour ouvrir des fenêtres entre les différentes communautés », a indiqué Dj Anti-Complexe qui a rappelé que chez les autochtones d’Enyellé la musique comme la tradition font partie intégrante de la vie quotidienne, des croyances spirituelles et du mode de vie des autochtones.

Rien à avoir avec la musique de cérémonie qui est considérée comme sacrée, sa musique sans fioritures est essentiellement vocale avec en sus ce rappel à la nature. « Qui peut mieux valoriser notre patrimoine musical, si nous mêmes  nous ne le valorisons pas ? Ma musique est une arme à travers laquelle je revendique nos droits, notre place au sein de la société congolaise, nos luttes  et nos espoirs», a fait noter l’artiste.

Marginalisé par les Bantous qui ont peu d'estime pour ces derniers, son message porte avant tout sur le vivre-ensemble. «Même si les choses commencent à changer, mais les mentalités ont la peau dure surtout dans le domaine du mariage, des terres, et même de l'école», a fait remarquer Dj Anti- Complexe qui rêve de remplir dans les prochains jours les grandes salles de la capitale

En attendant, l'artiste anime volontiers les manifestations des ministres et d'autres dignitaires lors de leur descente dans le district et le département. «J’ai aussi eu à faire des prestations à Brazzaville, précisément au PK 45 dans le bistrot de papa Tsoumou », a fait savoir ce dernier qui n'hésite pas à lancer un cri du cœur à l'endroit des potentiels producteurs pour l'accompagner à la réalisation de son album.

Quatre chansons à son actif, il espère susciter au sein de sa communauté de nouvelles vocations à l'image de Clément, artiste rappeur autochtone qui est très prisé grâce à sa musique engagée. « J’ai aussi initié des jeunes filles, mais en ce moment toutes sont parties dans les campements pour les différents travaux champêtres », a-t-il indiqué.  Balembo Basil ou Dj Anti-Complexe, artiste musicien autochtone du district d’Enyellé dans le département de la Likouala, a débuté la musique à l'âge de 9 ans à Impfondo. Une passion qui a grandi au fil des ans et pour le bonheur de son public.