Cinéma : « Je suis noire » de Rachel M’bon au Fifda

Vendredi 1 Septembre 2023 - 14:14

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Chaque année en septembre, le Festival international des films de la diaspora africaine (Fifda) nous permet de découvrir, avec une programmation riche concoctée par Diarah N’daw-spech et Reinaldo Barroso-spech des films rares, inédits ou inconnus explorant la grande panoplie des cultures afro-descendantes, mais aussi des films réalisés en Afrique par les réalisateurs vivant sur place. « Je suis Noire » de la réalisatrice congolaise Rachel M’bon fait partie des onze films sélectionnés pour la 13e édition de cette rencontre prévue du 8 au 10 septembre à Paris, en France.

Dans le documentaire ‘’je suis Noire’’, Rachel M’bon fait entendre les voix de six femmes afro-descendantes pour déconstruire les stéréotypes racistes présents en Suisse. La Suisse, terre de neutralité, est souvent perçue comme un havre de paix et de prospérité. Mais, le plus souvent, le bien-être apparent ne concerne pas les minorités. Rachel M’bon, née d’un père congolais et d’une mère suisse-allemande fait partie du 3% de personnes noires suisses. Un groupe encore fortement perçu comme un ensemble monolithique venant d’un ‘’ailleurs sauvage’’, une expression utilisée par Rachel M’bon dans le synopsis de son documentaire ‘’Je suis noire’’ coréalisée avec Juliana Fanjul. Ce premier long métrage évoque le déni de sa propre identité que peut provoquer ce type de stigmatisation.

Enfant, la réalisatrice suisso-congolaise grandit dans la compagne suisse, entourée par des camarades blancs où elle est la seule métisse de l’école. Victime de micro-agressions quotidiennes, elle se construit dans un déni total de son origine africaine. Dans les premières minutes du film, elle nous montre avec honnêteté glaçante un souvenir de son enfance. Son père, habillé de manière très élégante, l’attend à la sortie de l’école. Pour ne pas être la risée de la classe, elle fait semblant de ne pas le connaître. Ce déni de son propre origine est une réalité trop longtemps réprimée que la réalisatrice assiège avec courage aujourd’hui.

En pointant du doigt le besoin d’assimilation impérieux qui l’a guidée durant de nombreuses années, elle parvient à la déconstruire de manière habile et profondément touchante. En plus de son propre témoignage, la réalisatrice a voulu donner la parole à d’autres femmes afro-descendantes. Six femmes d’origines différentes, mais qui ont toutes en commun une chose en plus d’être blanches, la réussite sociale. Par ailleurs, dit-elle, le choix d'offrir la parole qu’aux femmes découle du désir de parler de féminisme intersectoriel, la double peine d’être femme noire ou métisse. Ainsi, Tallulah Bar, Brigitte Lembwadio, Carmel Frohlicher, Armelle Saunier, Paula Charles, Khalissa Akadi, les propagonistes du film, offrent le miroir de leur parcours de vie. Des témoignages qui se croisent en écho et qui dessinent le paysage d’une société encore fortement raciste.

En effet, le festival international de film de la diaspora africaine présente un cinéma inédit et souvent négligé qui met de l’avant le regard des personnes africaines et de la diaspora africaine sur la société. L’objectif est de présenter au plus grand nombre des films issus de la diaspora africaine, dans le but d’élargir l’intérêt pour les cinémas d’Afrique et le cinéma de tous ceux qui, partout dans le monde, tracent leur origine en Afrique. Les différents films sélectionnés abordent des thèmes qui incitent à la réflexion et poussent à poser un regard différent sur les œuvres s’intéressant à la vie et à la culture de la diaspora africaine.

Cissé Dimi

Légendes et crédits photo : 

Affiche du film/DR

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