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La minute Unesco

Dimanche 29 Octobre 2023 - 16:38

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Un appel du cœur, et tout le monde s’est levé pour observer une grave minute de silence pour « toutes les victimes » des événements tragiques au Proche-Orient où Palestiniens et Israéliens se tirent dessus à nouveau depuis le 7 octobre. Demandé par l’ambassadeur de Djibouti en France, lors d’une session de l’Unesco- Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, cet intermède a été précédé d’un speech poignant. Même si elle ne cachait pas le penchant de l’orateur dans ce conflit, la prise de parole du diplomate djiboutien a touché plus d’un par sa tonalité.

Il n’est pas lieu d’y revenir ici, d’autant plus que ceux qui l’ont écouté, ce discours, ou non, pourraient se contenter du fond qui l’a construit. Il portait sur la forte érosion de la diplomatie internationale en tant que cadre de retrouvailles destiné à bousculer les lignes quand elles obstruent le passage d’un camp vers l’autre ; en tant qu’ultime hublot où s’échappe un souffle d’air au moment où toutes les issues sont ou coupées ou bloquées en temps de conflit. La diplomatie comme lueur d’espoir dans le brouhaha des armes.

Depuis la date rappelée plus haut, le monde est quasiment agrippé à deux escabeaux, pas aussi bien pourvus de marches que cela. L’un et l’autre portent les adeptes de l’un et l’autre des deux belligérants. La vue à partir de ces marchepieds est si excentrée que ceux qui osent appeler au retour au dialogue- qui empruntent la mesure la plus échelonnée- sont traités de tous les noms d’oiseaux. Pourtant chacun se rend bien compte, à moins de ne pas voir la réalité en face, que du fait de leur proximité géographique, les peuples israélien et palestinien ont besoin de paix.

Pour y parvenir, seuls des dirigeants volontiers déterminés peuvent imaginer les contours d’un indispensable dialogue. De préférence dans une région ou un pays « neutre », à même de garantir aux « ambassadeurs » des deux camps la sérénité dont ils auront besoin pour se regarder dans les yeux, se dire des vérités, s’empoigner au besoin, et au final réaliser qu’ils sont condamnés à bâtir le futur de leurs enfants, épargner leurs familles et servir d’exemple au reste du monde. Dans l’histoire des nations, les exemples de ce type existent.

Le problème est que les fameuses régions neutres sont devenues rares. Ce n’est pas pour dire qu’il n’y a plus des personnes de bonne volonté capables de prendre les devants, de s’exposer aux menaces de toutes sortes émanant de faucons ou de loups solitaires d’un côté comme de l’autre. Les atrocités vécues ces dernières semaines, et depuis de nombreuses décennies en terres israélo-palestiniennes se sont hautement fermentées qu’elles peuvent dissuader les plus résolus des négociateurs d’avancer le premier pas. C’est pour cela qu’il parait raisonnable d’espérer voir ce mouvement pacifiste venir de l’intérieur d’Israël et de la Palestine.

C’est vrai, chez le peuple juif, comme chez le peuple palestinien, des associations existent qui se battent avec un autre discours que celui de la discorde inextricable. Il n’y a pas suffisamment de relais à leur action parce qu’il se trouve des gens et des officines plus ou moins obscures pour qui, jusqu’à la fin des temps, jamais solution ne sera trouvée à la question. C’est une façon bien tragique de prendre parti.

La salle de l’Unesco qui s’est levée le 19 octobre à la demande d’un diplomate d’observer une minute de silence pour « toutes les victimes » israéliennes et palestiniennes du conflit en cours a fait preuve de courage et d’humanité. Que de partout, à travers les grandes enceintes internationales, le message appelant à l’arrêt des hostilités prenne corps, et que le temps à venir soit consacré au retour à la parole qui déplace les montagnes.

Question : A-t-on encore une diplomatie internationale digne de ce nom ? On se le demande !

Gankama N'Siah

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