Changement climatique : l’Afrique, un continent confronté à une charge disproportionnée

Jeudi 19 Septembre 2024 - 14:16

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Alors que l’augmentation des températures en Afrique est légèrement supérieure à la moyenne mondiale, l’Afrique doit supporter une charge de plus en plus lourde liée au changement climatique et des coûts disproportionnés pour l’adaptation essentielle au climat.

En moyenne, les pays africains perdent de 2 à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) et nombre d’entre eux consacrent jusqu’à 9 % de leur budget à la lutte contre les phénomènes climatiques extrêmes. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le coût de l’adaptation est estimé entre 30 et 50 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie en Afrique subsaharienne, soit 2 à 3 % du produit intérieur brut de la région. D’ici à 2030, jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres seront exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique, si des mesures d’adaptation adéquates ne sont pas mises en place.

Cette situation aggrave une crise humanitaire déjà préoccupante

L’Afrique reste très vulnérable au changement climatique, bien qu’elle ne contribue qu’à hauteur de 4 % environ aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le continent africain s’est réchauffé à un rythme légèrement plus rapide que la moyenne mondiale, à raison d’environ +0,3 °C par décennie entre 1991 et 2023. « Au cours des 60 dernières années, l’Afrique a observé une tendance au réchauffement plus rapide que la moyenne mondiale. « En 2023, le continent a connu des vagues de chaleur meurtrières, de fortes pluies, des inondations, des cyclones tropicaux et des sécheresses prolongées. Cette situation aggrave une crise humanitaire déjà désespérée », a déclaré le secrétaire général de l’OMM, Celeste Saulo.

Les sécheresses pluriannuelles dans le nord-ouest de l’Afrique

Selon l’OMM, les anomalies de température les plus élevées en 2023 ont été enregistrées dans le nord-ouest de l’Afrique (Maroc, régions côtières mauritaniennes et nord-ouest de l’Algérie). Tunis a atteint un record de 49,0°C et Agadir (Maroc) a atteint 50,4°C. Plusieurs pays, (Mali, Maroc, Tanzanie, Ouganda), ont enregistré l’année la plus chaude de leur histoire. Certaines régions du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, du Nigéria, du Cameroun, de l’Éthiopie, de Madagascar, de l’Angola, de la Zambie, du Zimbabwe et de la RDC ont connu une grave sécheresse en 2023. La Zambie a connu la pire sécheresse de ces 40 dernières années.

Des inondations extrêmes, impact du climat sur l’agriculture et la sécurité alimentaire

Les précipitations ont été supérieures à la normale en Angola et aux côtes-nord du golfe de Guinée. Certaines parties du Kenya, de la Somalie et de l’Éthiopie ont connu des inondations importantes et généralisées, avec plus de 350 morts et 2,4 millions de personnes déplacées ; au moins 4700 décès en Libye, et 8000 personnes portées disparues ; au Mozambique, 165 autres décès. En septembre et octobre, 300 000 personnes ont été touchées par des inondations dans dix pays, le Niger, le Bénin, le Ghana et le Nigeria étant les plus touchés. A noter que les inondations et les sécheresses ont eu un impact majeur sur la sécurité alimentaire. La production céréalière de l’Afrique du Nord en 2023 était inférieure d'environ 10 % à la moyenne quinquennale. Les précipitations irrégulières et la situation générale d’insécurité ont maintenu la production céréalière à des niveaux inférieurs à la moyenne au Soudan, au Sud-Soudan, dans la région de Karamoja en Ouganda, en Érythrée, en Éthiopie, et dans le centre et l’ouest du Kenya.

 

 

Noël Ndong

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