Les immortelles chansons d’Afrique : « Owende » de Pierre Akendengue

Vendredi 20 Septembre 2024 - 13:56

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Pierre Akendengue se sert de sa guitare, sa plume et sa voix pour dénoncer la domination de l’Occident sur l’Afrique. « Owende », titre phare de l’album éponyme clame la vraie liberté africaine.

Enregistrée et mixée au studio Métronome par Thierry Bomarier, la chanson « Owende » a vu le jour en 1978. Cette mélopée qui a donné son nom à l’album paru en format 33 tours, sous la référence LDX 740677, a marqué bon nombre des mélomanes.

Par « Owende », il faut comprendre « oppression ». Dans cette œuvre, Akendengue invite les Africains à célébrer la fin de l’oppression coloniale. Cependant, il les exhorte à ne pas se laisser bercer par cette liberté retrouvée qui n’est que de façade, selon lui. En effet, il indexe le néocolonialisme qu’il appelle « monstre » : « Ovorovoro ! Aw’intyofrica. ndyenega. Owènd’ompolompolo we dyeno zwè g’Africa vis’ebo. Wolo ! wolo ! wolo ! owèndè w’amani re yowé…Ndo zin’emama » ! Ce qui peut se traduire par : « Hourrah ! Toi l’œil quand tu as vu, eh ! C’est que tu as vu…Hourrah ! Toi qui a vu tant d’oppression sur la terre africaine depuis des générations, réjouis-toi avec nous aujourd’hui : Bravo ! Bravo ! Bravo ! Enfin, l’oppression prend fin…bravo ! Mais regarde bien, nous avons à notre tête un monstre ».

Dans cette pièce musicale, Akendengue opte pour l’Afro jazz comme genre musical. Joué en deux temps, l’accompagnement de ce morceau est en seven seven  ou 7/7. On y écoute plus des percussions sidérantes du Congolais Prospère Nkouri, appuyées par celles d’Angone Akoughey, de Mino Cenelu et la contrebasse de Didier Levallet. De temps en temps, des intonations du saxophone de Richard Raux viennent converser, soit avec le solo vocal de Pierre, soit avec le premier chœur constitué d’Akendengue, Marianne Ndjongue, Françoise Ngwanga, Liliane Mayordome, Sophie Damas ou encore avec le deuxième chœur composé d’Akendengue, Nkouri et Akoughey. La beauté de ce titre, en effet, réside des improvisations des percussionnistes et du saxophoniste.    

Né le 25 avril 1945 à Awuta au Gabon, Pierre Claver Akendengue est initié à la musique par ses oncles, joueurs de cithare et de guitare. Il a 14 ans lorsqu’il commence à composer. L’artiste part étudier la psychologie en France. Alors qu’il fait son entrée au petit conservatoire de la chanson, il fait la connaissance de Mireille Haeuch, une chanteuse, compositrice-interprète et animatrice de la télévision française qui le conseille d’écrire dans sa langue maternelle. En 1973, il rencontre le chanteur-poète Pierre Barouth, créateur du label Saravah. Il sera  le premier artiste africain à enregistrer pour ce label. En 1985, de retour au Gabon, il crée un espace de rencontre artistique. Dix ans plus tard, il va collaborer avec Hughes de Courson dans l’album « Lambarena : bach to africa ». De 1973 à 2018 Akendengue a signé vingt-six albums.  

 

Frédéric Mafina

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