Changement climatique: une des causes des migrations forcées en Afrique

Jeudi 30 Janvier 2025 - 23:54

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Un rapport montre que les risques environnementaux, auparavant perçus comme des menaces lointaines, sont désormais plus immédiats et affectent d’autres problématiques mondiales, tels les migrations forcées.

En 2024, l'Afrique a été le théâtre d'une série d'événements climatiques (sécheresses prolongées, inondations catastrophiques, vagues de chaleur, etc.) d'une intensité et d'une ampleur rares, impactant des millions de vies. Ces phénomènes ont exacerbé des défis déjà nombreux pour la population africaine, mettant en lumière l’importante incidence du changement climatique dans les migrations forcées. Le rapport 2023 de l’Internal displacement monitoring centre révèle que les catastrophes naturelles ont multiplié par 6 le nombre de déplacés internes en Afrique en l’espace de quatorze ans, et qu’elles constituent l’une des principales causes de migrations après les conflits. Le nombre de déplacés est passé de 1,1 million en 2009 à 6,3 millions en 2023. Les inondations causent plus de 75% de ces déplacements, tandis que les sécheresses ont été responsables de 11% d’entre eux. Le poids est aussi économique : en moyenne, les pays africains investissent 2 à 5% de leur produit intérieur brut dans la lutte contre les phénomènes climatiques extrêmes, et nombre d’entre eux y consacrent jusqu’à 9% de leur budget. En Afrique subsaharienne, le coût est estimé entre 30 et 50 milliards de dollars par an pour la prochaine décennie.

L’impact sur un secteur agricole clé

Le changement climatique bouleverse également l’agropastoralisme, activité économique clé dans la plupart des régions du continent. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires, en 2024 les inondations ont affecté la production agricole avec 960 000 hectares de terres cultivées touchées et la perte de 128 000 têtes de bétail en Afrique de l’Ouest et centrale. Face à ce défi, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture souligne la nécessité d’adopter des pratiques agricoles résilientes et durables pour réduire la vulnérabilité des nombreuses communautés dépendantes de l’agriculture. Sa stratégie 2022-2031 met également en avant l’importance de politiques de migration planifiée pour mieux gérer les déplacements massifs.

Des initiatives pour atténuer les impacts

Face à cette crise croissante, plusieurs réformes ont déjà vu le jour. Des pays comme la Côte d’Ivoire développent des plans nationaux d’adaptation aux changements climatiques, tandis que des initiatives comme l’« Africa carbon markets » initiées lors de la COP27, visent à transformer les systèmes agroalimentaires et renforcer les marchés du carbone. Des outils technologiques, tels les plateformes de collecte de données climatiques en Ouganda, permettent une réponse plus rapide et mieux ciblée aux effets climatiques. La Convention de Kampala adoptée par l’Union africaine en 2009 reste néanmoins le seul instrument juridiquement contraignant pour protéger les déplacés internes sur le continent. Sa mise en œuvre est entravée par des obstacles législatifs et la non-ratification par certains États.

Noël Ndong

Notification: 

Non