Aide publique au développement : le député français Guillaume Bigot réclame un moratoireLundi 24 Février 2025 - 11:20 Le député Guillaume Bigot a conduit une mission pour avis budgétaire, au nom de la Commission des affaires étrangères, sur l'Aide publique au développement (APD). Son rapport a été remis à l’Assemblée nationale. Dénonçant un système opaque, le député Guillaume Bigot se pose la question de savoir où va l’argent de l’APD qui est l’ensemble des financements d’organismes publics vers des pays bénéficiaires listés par l’Organisation de coopération et de développement économique. Entre 2017 et 2022, le président français, Emmanuel Macron, a fait passer l’APD de 10 à 15 milliards d’euros. Et si les récentes difficultés budgétaires ont imposé une baisse, elle n’est prévue que temporairement. En octobre dernier, le député du Rassemblement national, Guillaume Bigot, rendait un rapport parlementaire détaillé sur le sujet, appelant déjà à réexaminer une aide « illisible, coûteuse et peu efficace ». Le président américain, Donald Trump, a annoncé de son côté la suspension des activités de l’agence américaine, l’USAID, le temps d’examiner ses dépenses. De quoi relancer le débat. L’eurodéputée de Reconquête, Sarah Knafo, a relancé le débat : « On ne prend pas la mesure de ce que c’est, de prendre l’argent dans la poche des Français pour l’envoyer au monde entier ». Le ministre chargé des Partenariats internationaux, Thani Mohamed-Soilihi, a dénoncé des « manipulations grossières ». Il a affirmé que la France ne dépensait pas d’argent public, puisqu’elle « prête au taux du marché ». L’Agence française de développement (AFD) a critiqué à son tour « un flot d’informations non vérifiées ». Si la discussion est aussi difficile, c’est que l’APD se déploie de façon tentaculaire, en impliquant une myriade d’acteurs et différentes catégories d’aides. « Quiconque se penche sur l’APD offerte par la France ne peut qu’être frappé par son inextricable complexité[…]. Une partie de cette aide est réalisée sous forme de dons et une autre sous forme de prêts.[…]L’AFD joue un peu le rôle d’un chef d’orchestre, à la fois privé et public, tant pour le compte des ministères français que de nombreuses organisations internationales », a déclaré Guillaume Bigot. Il y voit à la fois un guichet d’aides publiques, mais aussi une banque qui lève des fonds privés pour financer des opérations avec des entreprises. « Cette seule définition laisse entrevoir un système tentaculaire, voire magmatique. Si l’on ajoute que la France aide, chaque année, 271 organisations internationales et 150 pays au moyen de prêts ou dons, on conçoit que la Cour des comptes elle-même peine à s’y retrouver », a-t-il ajouté. Alors que Donald Trump a suspendu l’aide internationale américaine accusée de dilapider l’argent public sans servir les intérêts des Etats-Unis, la France doit s’interroger sur l’efficacité de sa propre APD, estime le député Guillaume Bigot. Il invite la France à avoir le courage de dresser le bilan coût-avantage de son APD. Noël Ndong Notification:Non |