Chine-Afrique : le « miracle agricole chinois » n’a pris que 30 ans

Lundi 4 Août 2014 - 17:50

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Au cours de cette période, l’empire du milieu a connu une transformation radicale de son agriculture avec une montée en gamme technique tout le long de la chaîne de valeur.

Concrètement, la Chine a privilégié la production du riz, du blé, du maïs et des légumes. Elle a développé la pratique d’une agriculture de conservation des sols. Il faut également mettre en bonne place le recours systématique à une mécanisation à petite échelle. Aussi ces efforts ont-ils porté des fruits, en permettant l’accélération de manière considérable de la croissance du secteur agricole chinois en trois décennies. Certes, il y a eu d’abord la détermination des autorités chinoises, mais des politiques efficaces ont été également initiées, notamment les investissements dans le renforcement des capacités et la production technologique ainsi qu’une réforme foncière bien encadrée.    

Dans le cadre d’une approche plus pragmatique de la coopération sud-sud, la Chine et l’Afrique se lancent désormais dans le partage d’expérience dans le secteur agricole. La Chine est prête à partager ses 30 ans d’expérience en cette matière. Récemment, une quarantaine d’agriculteurs, équipementiers, décideurs, scientifiques et chercheurs venant du continent africain a effectué en juin dernier un voyage d’étude en Chine pour s’imprégner du « miracle agricole » chinois. Leur intérêt a surtout porté sur les stratégies de la Chine, le pays le plus peuplé de la planète, pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, et la possibilité de les adapter aux réalités agricoles africaines.

En effet, le continent africain espère tirer profit de la large expérience chinoise en la matière en mettant en œuvre des politiques opportunes capables de l’aider à résorber les problèmes alimentaires de plus en plus complexes face à l’accélération de la croissance démographique. « Les rendements agricoles en Afrique représentent un tiers des niveaux obtenus par les agriculteurs d’Asie et d’Amérique latine », a fait remarquer la Banque mondiale (BM). La Thaïlande à elle-seule exporte plus de denrées alimentaires que l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne réunis.  

L’Afrique ne produit actuellement que 5% de la production de céréales consommées dans l’ensemble du  continent. Les contraintes majeures à l’origine de cette contreperformance sont le faible niveau de développement technologique, l’absence d’irrigation et le problème d’approvisionnement énergétique. D’où la Chine ne peut que servir de modèle, elle qui a réussi à nourrir 20% de la population mondiale avec seulement 7% de terres arables de la planète. Aussi le renforcement du partenariat entre la Chine et l’Afrique devrait-il avoir pour effet de mobiliser le potentiel encore inexploité de l’agriculture africaine. C’est la direction à insuffler au partage d’expériences sud-sud. Cette visite à l’Académie des sciences agricoles de Chine, organisme jouissant d’une grande notoriété dans le pays, n’en est qu’une des nombreuses illustrations.  

 

Laurent Essolomwa