Crédit carbone : enfin d’accord sur une tarification élargieSamedi 23 Août 2014 - 16:11 Deux cent cinquante entreprises, parmi lesquelles plusieurs multinationales dont Google, Wal-Mart et Shell, ont accepté d’adhérer à une déclaration portée par la Banque mondiale (BM) et les partenaires comme le Forum économique mondial, le Global compact des Nations unies ou l’European corporates leaders group du Prince de Galles, qui incitent les pouvoirs publics dans le monde à étudier des solutions de tarification du carbone et à fixer leur propre prix prévisible. Il s’agit d’une décision capitale inspirée par la nécessité de faire face plus courageusement au changement climatique qui menace directement les ressources, les chaînes d’approvisionnement et les infrastructures indispensables aux entreprises. Par le passé, une partie de ces entreprises a expérimenté en interne un « prix virtuel » du carbone pour, a expliqué la BM, orienter efficacement leurs décisions d’investissement et saisir de nouvelles occasions. « Un nombre croissant de chefs d’entreprise expriment leur soutien à des politiques de tarification du carbone », a déclaré la BM. Le changement climatique amène à de nombreux inconnus pris très au sérieux pour l’avenir des activités économiques dans le monde. En effet, l’on s’interroge par exemple sur les stratégies pour répondre aux besoins en eau ou à l’avenir même de l’énergie dans un contexte mondial alarmant de raréfaction de cette ressource. La menace s’étend sur les déplacements quotidiens des populations, l’approvisionnement en électricité, en biens de consommations et en produits électroniques. « La plupart des entreprises dépendent d’une alimentation fiable en eau pour fabriquer leurs produits, et des conditions météorologiques ou des températures extrêmes peuvent nuire à leur productivité, désorganiser leurs chaînes logistiques et endommager leurs actifs », a indiqué la BM. Face à de tels enjeux, la mobilisation reste de mise car il y va désormais de la rentabilité de leurs activités. « L’idée est de se prémunir contre les risques et d’identifier des solutions pour améliorer l’efficacité énergétique et l’utilisation efficace des ressources, réduire les émissions et gagner en compétitivité », a dit l'institution monétaire. Aussi cette déclaration constitue-t-elle à n’en point douter une décision prise par "une poignée de visionnaires", a poursuivi la BM, qui comprend la nécessité de convaincre leurs homologues à des pratiques plus « éconergétiques » visant à introduire une tarification carbone à l’échelle d’un secteur ou d’un domaine d’activités. Un tel dispositif ne vient qu’élargir certaines politiques de tarification ayant cours légal dans une quarantaine de pays visant concrètement, pour ces entreprises, à s’acquitter des taxes sur le carbone ou des marchés établies avec un tarif officiel des émissions. Mais cette innovation vise simplement à envoyer un message cohérent sur les bienfaits pour tous d’une croissance plus verte et « décarbonée », a conclu la BM. En guise de réactions, un groupe comme le géant énergétique GDF-Suez, qui opère dans soixante-dix pays dont certains ont mis en place une tarification du carbone, a adhéré à cette déclaration. Selon lui, cette déclaration lui permet de valoriser dans l’avenir les sources d’énergies renouvelables pour réduire son empreinte carbone et s’attaquer à son niveau au changement climatique. Le fait qu’il n’y a pas d’imposition des modalités à respecter pour réduire les émissions séduit énormément les entreprises. Pour Microsoft, également signataire, il faut arriver avec le temps à l’intégration progressive d’objectifs de viabilité environnementale au sein de l’entreprise pour mieux réagir à l’évolution des conditions économiques, sociales et environnementales. Laurent Essolomwa Légendes et crédits photo : Menace du changement climatique sur l'activité économique (document Banque mondiale) |