Francophonie : plaidoyer pour la suppression des expressions françaises à connotation racialeMardi 9 Septembre 2014 - 19:30 L'action vise à élaguer de la langue de Molière des locutions péjoratives qui revêtent une connotation raciale, discriminatoires et vexatoires et heurtant les sensibilités des Africains. Dans une lettre adressée au secrétaire général de la Francophonie dont copies ont été réservées au président en exercice de la Francophonie et aux présidents des pays membres de la Francophonie, le Rassemblement des Congolais démocrates et nationalistes (RCDN), par son secrétaire, Moïse Moni Della, a sollicité l’éradication de certaines expressions péjoratives de la langue française envers les Noirs. Dans cette correspondance adressée à ces responsables à la veille du XVe sommet de la Francophonie, ce parti a relevé son indignation face à certaines expressions françaises péjoratives et qui revêtent une connotation raciale, discriminatoires et vexatoires qui heurtent les sensibilités des Africains et aux peuples noirs. Moïse Moni Della Idi a épinglé certaines locutions qui utilisent le mot noir d’une façon péjorative. Il s’agit notamment de « Il a fini de manger son pain noir », pour dire : il a terminé de traverser une période difficile ; « Bête noire » pour signifier celui qui cause des torts ; « Il est dans le noir », pour dire, il se trouve dans une impasse; « Il noircit mon passé », pour signifier, il vilipende ma vie passée. Il y a également « Magie noire », pour magie nuisible ; « Liste noire », pour dire liste de récalcitrants ou d’évités; « Messe noire », pour réunion sulfureuse; « Main noire », pour Main invisible ; « Mouton noire de la presse », pour qualifier le journaliste qui ne suit pas la déontologie, etc.; « Caisse noire », pour caisse utilisée pour des missions secrète, caisse opaque; « Série noire », pour suite des évènements malheureux; « travail au noir », pour dire travail en dehors des conditions requises ; etc. « De ce fait, les exemples énumérés ci-haut prouvent à suffisance que certaines expressions françaises méprisent l’homme noir en démontrant que tout ce qui lui ressemble est mauvais », a soutenu le secrétaire général du RCDN. Pour Moïse Moni Della Idi, ce combat s’illustre dans la même lignée que celui mené en son temps par Malcolm X, qui s’insurgeait contre certaines expressions utilisées contre les noirs aux États-Unis. De son avis, cela démontrait des mépris que subissait le peuple noir. Et c’est dans la même quête de respectabilité que Lumumba, devant le Roi des Belges, le 30 juin 1960 lors de son mémorable discours de l’accession du Congo à l’indépendance, a fustigé les comportements méprisants qu’affichaient les blancs envers les noirs, en ce terme « ….Qui oubliera qu’à un Noir, on disait tu, non certes comme à un ami, mais parce que le vous honorable était réservé aux seuls Blancs ?... » Pour soutenir ce combat, le secrétaire général du RCDN a également évoqué l’œuvre d’un artiste musicien congolais, Kiamuangana Mateta Verckys qui, dans la même logique, a été inspiré dans l’une de ses chansons « Na komitunaka » qui signifie littéralement « je me pose la question ». Ce musicien, en effet, se demandait pourquoi on présente toujours en image l’ange en blanc et le diable en noir. Pire encore, certaines caricatures ecclésiastiques décrivent que tous les saints sont représentés en image blanche tandis que le diable est peint en noir. De l’avis de Moïse Moni Della, pour se conformer aux valeurs et à la charte de la Francophonie, il devra être constitué une commission pour inventorier, faire le toilettage et l’éradication pure simple de toutes les expressions françaises usuelles « tendancieuses, discriminatoires, péjoratives, méprisantes envers les Noirs ». Moïse Moni Della Idi est, en effet, secrétaire général du RCDN, coordonnateur adjoint des Forces acquises au changement (FAC), président de la Commission de la Francophonie des FAC, et vice-ministre honoraire de l’Information et presse. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo : Moïse Moni Della Idi/ Photo Adiac |