Football/Italie : « J’ai 68 ans et ne suis pas raciste ! », a reconnu Arrigo Sacchi

Jeudi 19 Février 2015 - 19:23

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Les propos de l’ancien coach sur le trop de Noirs dans les équipes de foot ont suscité de l’émotion. Il a tenu à nuancer.

L’ancien sélectionneur de l’équipe d’Italie de football et ancien entraîneur du Milian-AC, Arrigo Sacchi, dit ne pas accepter que ses propos le fassent passer pour raciste. « L'Italie n'a plus aucune dignité ou fierté parce que nous avons de trop nombreux étrangers jouant dans les championnats des moins de 20 ans : chez nos jeunes, il y a beaucoup trop de Noirs », avait-il affirmé lundi soir. Des propos qui ont fait des vagues sur le web et la presse et contraint leur auteur, qui pourtant avait décidé de ne plus s’expliquer sur cette affaire devant les médias, de venir préciser qu’il n’est pas du tout raciste.

« J’ai 68 ans et n’ai jamais été raciste et je ne le serai jamais. Cela n’entre pas dans ma manière d’être et dans ma mentalité », a-t-il dû repréciser mercredi. Avant de tenter de nuancer ses propos : « Je suis convaincu que l’un des problèmes de notre football est qu’il y a trop d’étrangers, environ 1.300, soit 53% du total ». Donc une affaire de nombre d’étrangers, par un surnombre de Noirs ! « J’ai seulement dit que nous avions besoin de peu d’étrangers, mais de valeur, et de replacer le sport au centre du football et non le business » avec des recrutements à la tout-va, a tenu à équilibrer Arrigo Sacchi.

Avec plus de clarté, Damiano Tommasi, président du syndicat des joueurs de football italiens, a tenu à mettre le point sur « I » là où y avait lieu d’en mettre. « Sacchi s’embrouille : la couleur de la peau n’entre pas dans les questions de nationalité ». Le problème du surnombre d’étrangers existe bel et bien dans les clubs italiens, mais il n’est pas à poser en termes de Noirs ou d’Arabes. « Balotelli (Mario), El Shaarawy (Stefan), Okaka (Stefano) mais aussi Babacar (Khouma), M’Baye (Niang) et Pépin (surnom de José Machin - Ndlr) sont des joueurs noirs ou arabes mais ne sont pas tous étrangers. Les trois premiers sont bien des Italiens nés et grandis ici », a tenu à rappeler Tommasi.

Pour lui, Arigo Sacchi « connaît bien le problème », mais il l’expose avec maladresse. « La question de la présence excessive des étrangers dans les centres de formation au football se pose depuis longtemps en Italie mais pas seulement. Elle touche aux stratégies des entraîneurs des sélections nationales qui, le moment venu, se trouvent en difficulté pour appeler les jeunes joueurs dans les équipes nationales ». Mais elle ne se pose absolument pas en termes de race. Elle se pose en termes de nationalités, a-t-il insisté en substance.

Pour sa part la FIFA, la Fédération internationale de football, a tenu à protester avec vigueur : « la fierté et la dignité ne sont pas des questions de couleur de peau. Ça suffit ! », a twitté Joseph Blatter, son président, qui a fermement réagi aussi à l’incident de Paris. Mardi soir, des supporteurs de Chelsea ont empêché un Franco-Mauritanien de monter dans une rame de métro aux cris de : « Nous sommes racistes et on aime ça ». L’Union européenne de football association (UEFA) s’est dite « consternée ». Joseph Blatter rappelle : « Il n'y pas de place pour le racisme dans le football ».

Lucien Mpama