Italie/Football : les supporters de Feyenoord ont dévasté Rome

Dans la presse italienne vendredi, un seul mot revenait à l’envie : barbares ! Car c’est bien à une situation inédite de razzia que les Romains ont assisté jeudi après-midi avant le match As Rome–Feyenoord comptant pour les seizièmes de finale de l’Europa League. En plein centre de Rome, quelque 500 Hollandais venus soutenir leur équipe se sont d’abord livrés à des scènes de saoulerie puis ont décidé d’attaquer la police à coups de bouteilles de bière et de projectiles divers.

Mais cela n’était encore rien. Place d’Espagne, passage obligé des touristes dans la ville, les supporteurs hollandais ont attaqué tout ce qui pouvait tenir debout. Et notamment La Barcaccia, une fontaine en forme de barque qui se trouve sur cette place et qui vient à peine d’être rendue à l’admiration des touristes après des travaux de restauration qui ont coûté, précise la mairie, 250.000 € (près de 164 millions de F cfa). Fracassée, elle a été remplie d’urine.

Son spectacle en fin d’après-midi était insoutenable : cannettes et bouteilles de bière, détritus divers, on aurait dit une antiquité ramenée du fond d’une rivière et recouverte d’une vase antédiluvienne, l’odeur repoussante en moins ! Vendredi matin, la ville pansait ses plaies à coups de polémiques. Qui est responsable ? Qui va payer ? Pourquoi la mairie n’a-t-elle pas prévu de tels épisodes qui ne sont pas les premiers dans la ville, même s’ils dépassent de loin tous ceux que Rome a enregistrés à ce jour dans l’histoire des compétitions internationales (ou même nationales ) de football !

La mairie a rejeté la faute ultime sur le préfet qui, lui, a accusé un manque de moyens et donc le ministère de l’Intérieur qui, à son tour, a dénoncé une culture de dévastation inouïe. Ignazio Marino, le maire, n’a pu que faire l’amer constat et promettre de sévir : « Rome dévastée et blessée. En contact avec le préfet, la police et l'ambassade des Pays-Bas. Ça ne s'arrêtera pas là ». L’ambassade des Pays-Bas a de son côté fait part de sa consternation. « Les autorités italiennes peuvent compter sur la totale coopération et l'engagement des Pays-Bas pour faire en sorte que les coupables soient punis ».

L’incroyable est que le match, lui, s’est déroulé le plus raisonnablement du monde au Stade olympique de Rome, l’Olimpico. Et qu’il s’est soldé par un score qui aurait pu arranger tout le monde : 1 à 1 (dont une talonnade magique de l’Ivoirien Gervinho pour le but de Rome). Un spectacle de toute beauté qui n’a été terni par aucune autre incivilité jusqu’au retour des exaltés vers leurs bus, gares et aéroports. Très en colère, le Premier ministre Matteo Renzi a annoncé que 23 supporteurs ont tout de même été arrêtés ; ils seront entendus par la justice.