Pape François : la faim a besoin des efforts de tous pour être vaincue, rappelle le Vatican

Jeudi 11 Juin 2015 - 19:07

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Le pape François a rencontré les participants à la 39è conférence de la FAO. Il encourage l’organisation à ne pas baisser les bras.

La conférence générale de l’Organisation des nations-unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a été marquée cette semaine par divers événements d’importance autour du thème de la lutte contre la faim dans le monde. Samedi 6 mai, les ministres de l’agriculture et les experts de plus de 110 pays ont réaffirmé à Milan (où se tient l’Exposition universelle sur le thème de la nourriture et de l’énergie) le besoin de produire et de consommer autrement pour nourrir les 9 milliards d’habitants que la planète va contenir dans les très proches décennies. Durant ces travaux, ils ont aussi élu le directeur de la FAO.

Le Brésilien Jose Graziano da Silva  a été reconduit à ce poste pour un nouveau mandat de quatre ans, rappelle- t -on. Un mandat qui va renforcer la prise de conscience que la planète peut se nourrir si elle consomme autrement pour continuer à faire baisser le nombre des affamés. A 795 millions aujourd’hui, ils représentent toujours le signe d’une disparité qui ne devrait pas être. Pendant cette conférence, le ministre congolais de l’Agriculture et de l’élevage, Rigobert Maboundou, a demandé aux nations nanties de sortir du cycle des promesses et des proclamations pour s’engager avec les pays du sud de la planète dans le concret de la production  agricole mondiale.

Cela demande une plus grande volonté politique, a rappelé Rigobert Maboundou, soulignant l'importance d'avoir aussi  des moyens, notamment financiers, plus concrets que les seules généreuses promesses. Au cours de cette conférence, beaucoup d’intervenants ont également insisté sur la nécessité de mener ensemble l’impératif d’accroitre la production agricole pour vaincre la faim dans le monde avec l’obligation de préserver l’environnement. Surtout lorsque celui-ci est sous le coup de phénomènes climatiques extrêmes. L’action industrielle de l’homme a désormais impacté le climat : pluies violentes et sécheresses rigoureuses se succèdent, affectant la productivité.

Le Vatican y a ajouté sa propre approche de compréhension du problème de la faim : quitter les égoïsmes, replacer l’homme au centre  de la production et de la consommation des biens agricoles. Mercredi, à Rome cette fois, l’observateur du Vatican à la FAO, l’archevêque espagnol Fernando Chica Arellano, a fermement rappelé que « les affamés ne sont pas des chiffres froids à la merci des statistiques ; ce sont des vies brisées dont l’espérance est ternie et les droits sont bafoués ». Tout comme le ministre congolais, il a lui aussi plaidé pour « une volonté explicite en terme d’outils, d’investissements et de financements » pour que la FAO s'investisse profondément contre la faim dans le monde.

Et jeudi matin c’était autour du pape François de recevoir les participants à la conférence. Discours constant mais appuyé de gestes d’invite pressante à comprendre que « l’accès à l’alimentation est un droit pour tous », et que « la lutte contre la faim ne doit pas être un objectif quelconque, ni être parasitée par des considérations autres », que purement humanitaires et non mercantiles. « La faim dans le monde sera vaincue si nous ne tombons pas dans l’esclavage du consumérisme : le problème de la faim n’est pas un thème impopulaire, ou un problème irrésoluble », a indiqué le Souverain pontife.

Le pape s’est aussi montré préoccupé face à la disponibilité de plus en plus réduite des terres cultivables pour les paysans, obligés de reculer devant le rouleau compresseur de multinationales ou de personnes riches. « L'accaparement des terres cultivables par des entreprises transnationales et des Etats préoccupe toujours davantage. Non seulement il prive les agriculteurs d'un bien essentiel, mais atteint directement la souveraineté des Etats. Dans de nombreuses régions, les produits alimentaires partent à l'étranger et la population locale s'appauvrit doublement parce qu'elle n'a ni aliments ni terres », a-t-il dit aux participants à la conférence internationale de la FAO.

Toujours jeudi, cette fois à Milan, c’était la « Nation-Day », la journée nationale du Vatican à l’Exposition universelle. La conférence qui y a été tenue par de hauts prélats dans le cadre d’une exposition itinérante appelée Parvis des gentils, portait sur le thème de l’écologie. Le Parvis des gentils est une initiative du Vatican, destinée à engager le dialogue avec le monde de ceux qui ne croient pas ou qui croient autrement. Jeudi, son animation à Milan s’est faite autour de la dimension spirituelle de l’écologie. Elle a consisté en un échange passionnant entre le cardinal Gianfranco Ravasi, « ministre » de la Culture du Vatican, l’ancien premier ministre italien Giuliano Amato et l’envoyé spécial du gouvernement français, l’écologiste Nicolas Hulot.

Le Parvis des Gentils de jeudi a voulu inviter le monde des intellectuels à ne pas parler de la faim avec des notions désincarnées. L’intitulé du thème a été « les visages de la Terre ». Peu avant, le pape a appelé à retrouver « la conscience des visages des millions de personnes qui aujourd’hui ont faim, qui aujourd’hui ne mangent pas d’une façon digne d’un être humain ». Car la faim n’est pas une notion abstraite, mais une réalité qui affecte des millions d’êtres de chair.

Lucien Mpama

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