Le mode italien d’évacuation des malades d’Ebola fait école

Comme on sait, la dangerosité de la maladie d’Ebola vient aussi de sa rapidité à passer à une personne saine. D’ailleurs le personnel sanitaire est, parmi tous ceux qui ont tenté d’apporter secours aux malades d’Ebola, celui qui a payé un lourd tribut à la pandémie. En plus, bien entendu, des membres de familles des personnes décédées et de leurs proches qui eux aussi ont subi les conséquences d’une manipulation rituelle des morts.

Bien vite s’est posée la question de l’évacuation des personnes expatriées malades. Des humanitaires ont d’ailleurs vu dans cet aspect du problème un début de discrimination entre malades fortunés et malades des pays pauvres, abandonnés à leur sort. Et cela même lorsqu’il s’agissait de collègues qui avaient lutté côte à côte dans cette véritable bataille. Mais il n’est pas question de faire voyager les malades évacuables dans un avion médicalisé ordinaire. Des précautions drastiques s’imposent.

Espagne, Grande-Bretagne et Etats-Unis qui ont eu quelques-uns de leurs citoyens infectés en Sierra Leone ou au Libéria surtout, ont su trouver la manière pour ramener chez eux leurs patients. Mais l’Italie affirme avoir convaincu par son savoir-faire en la matière. Pour les deux patients italiens infectés en Sierra Leone, elle a fait intervenir des appareils spécialisés de l’aéronautique militaire, qui se sont posés à Rome sans que l’on ait à déplorer des infections parmi le personnel militaire engagé. Tous deux ont d’ailleurs été sauvés.

Cela, affirme aujourd’hui l’inspecteur général des armées Piervalerio Manfroni, démontre la validité de la chaîne de procédures mises au point au fil des années par la logistique sanitaire italienne. Chef du département sanitaire de l’aéronautique militaire italienne, il a fait part de l’expérience acquise par ses services. C’était mercredi, lors de la projection à Rome d’un film réalisé par les opérateurs italiens et tirant les leçons de leurs interventions sur le terrain, en Afrique de l’Ouest, pour endiguer la propagation du virus Ebola.

Les procédures engagées rendent l’Italie à même de faire face à toute explosion de maladie extrêmement contagieuse. Sans entrer dans le détail de choses qui relèvent du domaine protégé du « know-how », Manfroni a indiqué : « nous avons reçu plusieurs demandes, ainsi que la visite du département d’Etat américain, celle des collègues de la Royal Air Force hollandaise pour lesquels nous avons même organisé deux sessions de formation. Ils ont fini par acquérir le même matériel que nous ».

Le succès italien, a-t-il assuré, « nous a valu l’appréciation des collègues anglais qui sont pourtant les premiers au monde à avoir mis au point ces procédures. Eux, n’ont pas eu besoin d’être formés, mais ils ont acquis tout le matériel sanitaire produit en Italie et que nous utilisons pour de telles missions. Enfin, ces derniers temps, nous œuvrons à la mise au point de matériels adaptés, à la demande de pays africains, ce qui nous fait énormément plaisir ».