Des Italiens enlevés en Libye

Lundi 20 Juillet 2015 - 16:00

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Les quatre hommes travaillaient pour une société italienne de construction. Le ministère des Affaires étrangères invite à la prudence sur toute l’affaire.

Les services secrets italiens sont entrés immédiatement en action lundi, lorsqu’il est apparu évident que quatre Italiens, œuvrant en Libye pour une entreprise de BTP ont été enlevés. À Rome, des sources proches du dossier estiment que, pour l’heure, il est extrêmement difficile de dire si les auteurs du rapt relèvent de la criminalité pure et simple ou d’activistes religieux extrémistes. « Les faits se sont produits dans la zone  de Mellitah où d’autres enlèvements ont déjà eu lieu. Malheureusement, Mellitah est une des zones où la frontière entre criminalité et activisme ne se détermine pas à l’avance », a indiqué un de ces hommes, couleur de muraille, habituellement condamnés à travailler en silence.

Les limiers de Rome sont donc à pied d’œuvre et ils ont, assure le ministère des Affaires étrangères, « activé tous les canaux de contact ». Une formule consacrée dans ce genre de situation qui ne veut pas dire qu’une rançon est prête, mais qui ne dit pas son contraire non plus dans ce langage diplomatique volontairement flou pour préserver la sécurité des otages. « Un autre élément à prendre en considération, ajoutent les 007 italiens, est le fait que les personnes enlevées sont au nombre de quatre. Il faut chercher à savoir si le groupe est resté uni, aux mains d’un même ravisseur ou groupe de ravisseurs, ou s’ils ont été séparés et conduits vers des directions diverses ».

La tâche s’annonce ardue mais l’Italie a acquis une grande expérience en la matière. En Afghanistan, au Pakistan, au Nigéria ou encore, et déjà, en Libye, les services diplomatiques et de renseignement italiens ont souvent été confrontés à ce type de problèmes dont ils ont su triompher au bout d’un temps plus ou moins long. Mais toujours dans le silence et la discrétion. Cibles de nombreuses attaques et agressions directes ou indirectes, les Italiens ont été invités à ne plus se rendre en Libye, pays géographiquement et historiquement proche de Rome. L’ambassade italienne y est fermée depuis le 15 février 2015.

L’Italie appuie très ouvertement les efforts de l’ONU pour amener les factions libyennes qui se font la guerre et se sont partagées le pays en zones d’influence antagonistes à conclure un accord pour un gouvernement d’union. Samedi dernier à Skhirat, au Maroc, elles ont signé  un premier accord « de paix et de réconciliation » qui a toutefois du mal à passer auprès de certains partis fondamentalistes. La Libye est aujourd’hui partagée entre deux gouvernements et deux parlements qui ont du mal à se rejoindre sur l’essentiel, et qui se font la guerre sur le terrain.

Cela complique la tâche pour une Italie qui a, à plusieurs reprises, indiqué que la stabilité libyenne est une condition vers la maîtrise d’un problème comme les flux migratoires qui la prennent d’assaut. Et que même le phénomène du djihadisme ne sera pas efficacement contré tant que la Libye restera la passoire actuelle. « Il est toujours difficile seulement quelques heures après de comprendre la nature, ou qui sont les responsables », de l’enlèvement des Italiens, a dit lundi à Rome Paolo Gentilloni, le ministre italien des Affaires étrangères. On devrait en savoir plus dans les prochaines heures ou les prochains jours.

Lucien Mpama

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