L’Italie reprend sa place dans la diplomatie internationale, assure Matteo Renzi

Mercredi 30 Décembre 2015 - 12:30

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Le Premier ministre italien se réjouit de l’assainissement progressif de l’économie d’une Italie redevenue partenaire diplomatique de premier plan.

Le président du conseil italien (Premier ministre) a tenu mardi sa conférence de presse bilan de l’année 2015 à Rome. Devant le parterre des journalistes, le Premier ministre a répondu à toutes les questions de portée intérieure et extérieure faisant preuve, comme à son habitude, d’une remarquable pugnacité. Il a ramassé les critiques et hurlements de l’opposition en les qualifiant de simples hululements de hibou, annonciateur de malheur mais ne construisant rien. A l’en croire, il y a d’un côté ceux qui parlent par leurs actes et ceux qui en restent aux formules et aux slogans.

A deux mois du premier anniversaire de son gouvernement, le Premier ministre énumère les succès de son gouvernement obtenus, qui plus est, dans un contexte international difficile. Baisse effective des impôts, allocation de 80 euros (un peu plus de 52.000F CFA) aux revenus faibles, nouvelle loi électorale, encouragements aux entreprises, plan d’économies budgétaires, augmentation des aides aux régions et particulièrement le sud désavantagé, politique culturelle réaménagée et aides multiples à l’éducation nationale pour une « bonne école » : le tableau est loin d’être exhaustif et ne se compose pas que de vantardises d’autosatisfaction.

Les Italiens sont d’autant plus sensibles à ce bilan que le volontarisme de ce « jeune homme », au surnom de « rotamatore » (celui qui gère un casse automobile et qui, donc, veut envoyer à la retraite la vieille classe politique dépassée), ne s’arrête devant aucun culot. Alliance momentanée avec la droite de Silvio Berlusconi le temps des réformes (et de l’étouffer politiquement), critiques sans complexe contre les caciques de son propre camp qui tentent de le brider par tous les moyens, rien n’y fait. Aux élections européennes de mai, son succès a été sans précédent dans l’histoire politique italienne : 40% ! Et il affirme qu’il remportera, haut-la-main, les échéances à venir.

Fort de son assise solide, il prend la parole aujourd’hui pour parler faits et pas tchatche. Car même sur la scène internationale, l’Italie a regagné le terrain perdu par les années de « bizarreries Berlusconi », magnat de la presse et première fortune d’Italie mais qui, sur le plan des relations avec ses voisins, ne s’est pas traduit par plus de respect pour l’institution de la primature italienne et pour le pays. Tout le monde garde en mémoire cette conférence de presse de Bruxelles où, interrogés sur M. Berlusconi, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français d’alors Nicolas Sarkozy, se contentent d’un rire ironique à la question de la journaliste : « M. Berlusconi vous a-t-il rassuré quant aux réformes en Italie ? ».

De l’eau a passé sous les ponts : en 11 mois, Matteo Renzi a rehaussé la côte de l’Italie sur la scène internationale. De la Cop21 de Paris sur le climat, aux débats intereuropéens sur l’austérité économique ou la question des migrants, l’Italie est devenue une voix qui compte et dont les avis, à défaut d’être partagés par tous, ont le mérite d’être attendus et écoutés. « Jusqu’à il y a peu, l’Italie ne comptait pas en politique extérieure : sur le nucléaire iranien, par exemple. Aujourd’hui nous sommes admis à la table (des négociations, Ndlr) : A Vienne, où on parle Syrie comme à Rome pour la Libye », a dit M. Renzi mardi.

Pour lui, l’action de son gouvernement sur la scène internationale a redonné de la visibilité à son pays devenu un interlocuteur majeur sur toutes les crises qui constellent l’actualité du monde. « J’ai rencontré (lundi, Ndlr) le président du gouvernement désigné de Libye. Nous faisons tout pour qu’un gouvernement puisse y être formé ». Sur la scène économique européenne aussi, M. Renzi n’a pas de doute sur son rôle moteur. « Finalement l’Europe croît moins que ce qu’elle pensait. Ce n’est pas un hasard si l’Italie croît plus vite et s’est remise en selle. L’Europe ralentit à cause d’une politique économique erronée », ajoute-t-il.

Attaque à l’Allemagne d’Angela Merkel avec laquelle le « rotamatore » a croisé le fer, notamment sur la politique d’austérité qui a semblé, le temps d’un instant, devenir la potion obligée pour tous les pays, la Grèce avant tout, tentant de se sortir du marasme économique ? Attaque à l’Europe ? Non, répond-il : « mais, à vivre de la seule austérité, un continent peut finir par mourir ». Et, taclant ses adversaires de droite dont l’Allemagne est présentée comme le modèle économique du moment, il y va de sa petite griffe de velours : « Il y a dix ans, l’Allemagne n’a pas respecté le pacte de stabilité de l’Union européenne avec la bénédiction de Silvio Berlusconi et Giulio Tremonti (Premier ministre et ministre de l’Economie alors, tous deux de droite, Ndlr). Pas de leçons donc à donner, mais seulement respect des règles pour tous », souligne M. Renzi.

Et en France, comment peut-on expliquer le succès du parti xénophobe et populiste du Front National ? Pour les mêmes raisons, explique le Premier ministre italien. « Ce n’est pas le Bataclan (attaque terroriste du 13 novembre dernier à Paris, Ndlr) mais pour des raisons économiques. (Marine) Le Pen serait le premier parti même fin octobre, parce qu’il y a une étroite corrélation entre les forces populistes et démagogiques et l’absence de croissance économique», soutient le Premier ministre italien dans un panorama politique et économique qui ne laisse pas d’espace au doute. La droite de son pays l’accuse déjà d’être un « vendeur de vent », mais elle peine à coaguler une sévérité d’analyse contre le gouvernement de Matteo Renzi qui se vante, chiffres et données à l’appui, d’avoir fait « en moins d’un an ce que la droite (de Silvio Berlusconi) n’a fait que promettre en vingt ans de pouvoir ».

Lucien Mpama

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