Couleurs de chez nous : « Tu me connais ? »

Vendredi 1 Décembre 2017 - 19:12

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Cette question sert d’argument dissuasif à certains Congolais aux prises avec d’autres.  Elle est non seulement une menace ou une intimidation mais surtout une mise en garde à ceux à qui on a affaire.  La circulation routière est le premier espace où l’on assiste à des disputes qui se concluent par « Tu me connais ? » ou « Attends que je te prouve qui je suis ». Le geste qui suit est un « coup de fil » à une « autorité » pour solliciter une intervention. Il n’est pas rare de voir le « menacé » encerclé en un temps record, conduit ou éconduit. Une justice de rue à laquelle recourent souvent des fautifs qui, manquant d’arguments convaincants, font dans la menace pour se soustraire d’une « pénalité » qui les guette. Souvent, il est aussi difficile de leur faire accepter leur faute.

Un comportement qui traduit l’inculture de leurs auteurs, si ce n’est le mépris qu’ils ont pour la vraie justice. Mieux encore : leur peur de la justice. Autre arène : la périphérie de Brazzaville vers où migrent de nombreuses personnes pour l’entretien de leurs terrains nouvellement acquis ou achetés. Là-bas aussi, les disputes ne manquent pas. Et au milieu des rixes auxquelles elles aboutissent, on entend souvent et toujours : « Tu me connais ? Attends que je te prouve qui je suis ».

Le pire, c’est ce qui est décrit plus haut. En effet, il est de ces personnes qui usent de « Tu me connais ? » pour « impressionner » leurs adversaires ou leurs interlocuteurs. Il suffit de creuser, ces personnes ne tiennent que sur leur paraître, car on ne leur reconnaît par de l’entregent.  

On observe également chez ces gens cette tendance à l’usurpation de titres. Ils ne lésinent sur rien pour se forger une personnalité qu’ils ne sont pas sauf à la créer. Ils se passent pour des officiers dans l’armée ou la police ; ils sont médecins, enseignants à l’université, hommes d’affaires, etc. Ils ont des gadgets pour se défendre. Souvent des cartes de visite ! Cette envie de paraître prend une telle ampleur au sein de la société congolaise si bien qu’elle s’invite à l’actualité comme on le constate par le nombre d’escrocs que nous balancent les télévisions.

Dans un cas comme dans l’autre, il faut s’interroger sur certaines personnalités qui occupent des fonctions d’Etat, militaires ou civiles. En retournant les instruments de l’Etat en faveur de leurs protégés qui les sollicitent afin de les tirer d’affaire, ces fonctionnaires salissent non seulement l’Etat mais, bien plus, ils contribuent à asseoir une société sans lois et où les plus forts ont toujours raison sur les plus faibles. Donc, une société injuste. Mirons-nous !

Van Francis Ntaloubi

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