Afrique subsaharienne : 11 millions de jeunes chômeurs chaque annéeMardi 28 Janvier 2014 - 16:39 Les dirigeants de la région devront faire face à une affluence sans équivalent sur le marché du travail au cours de la prochaine décennie. À leur tour, les dirigeants de la région devront nécessairement créer des millions d’emplois productifs et bien rémunérés pour gérer cette bombe à retardement. En effet, la question est hautement stratégique pour l'Afrique subsaharienne d’autant que la région, a rappelé la Banque mondiale (BM), est habitée pour plus de la moitié par les moins de vingt-cinq ans. Aussi la stimulation de la croissance économique reste-t-elle la voie indiquée pour créer des emplois durables. Au delà, la BM a mis en exergue deux autres défis, à savoir la réduction significative de la pauvreté et la promotion d’une prospérité partagée en Afrique. Toutefois, a-t-elle noté dans son dernier rapport "sur l’emploi des jeunes dans la région", de nombreuses économies d’Afrique subsaharienne ont aligné des croissances impressionnantes sans venir à bout de l’extrême pauvreté rampante. Et les jeunes bien que majoritaires dans la région n’ont pas accès à un emploi rémunéré. Comme de nombreuses analyses l’ont révélé, l’Afrique subsaharienne enregistrent des croissances alimentées essentiellement par les matières premières, et donc à faible impact social. La BM a épinglé, par exemple, le pétrole, le gaz et l’extraction minière qui dynamisent, certes, les économies de la région mais n’influent en rien sur le taux de pauvreté, encore moins sur celui de l’emploi des jeunes dans une partie du monde particulièrement reproductive. Sur un ton alarmiste, la BM s’est inquiétée du triste sort des jeunes en quête d’un mieux-être, dont certains parmi eux, autant dire la majorité car il s’agit de 80% d'entre eux, sont condamnés à échouer dans les petites exploitations agricoles et entreprises familiales. D’ailleurs, un rapport régional plus exhaustif de la BM sera orienté sur la question spécifique de l’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne. Ce tableau quelque peu sombre ne peut empêcher de saluer le développement rapide du secteur salarié formel dans certains pays de la région, mais le niveau atteint reste malgré tout trop faible pour créer suffisamment d’emplois en faveur des jeunes sur l’étendue du continent africain. À côté d’un secteur formel capable de régler durablement la question de l’emploi, il y a aussi l’informel. Des millions de jeunes ont trouvé à travers lui un moyen de survie, mais le secteur peut apporter encore plus si un accent particulier est mis sur les problématiques liées à l’accès à la terre, aux infrastructures, aux formations professionnelles et au crédit pour leur permettre de lancer des activités mieux structurées. « L’impact sera colossal pour les petits agriculteurs et entrepreneurs qui pourront prospérer à mesure que croissent les économies africaines, en collaboration étroite avec le secteur privé », a fait remarquer le vice-président de la BM pour l’Afrique, Makhtar Diop. Déjà, quelques pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil, en partenariat avec la BM, développent des formations scientifiques à l’intention des Africains. Laurent Essolomwa |