Affaire Wivine Moleka-Vital Kamerhe : les chances d’un arrangement à l’amiable compromises

Mercredi 5 Février 2014 - 17:00

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Le procès qui met aux prises le président de l'UNC et la députée PPRD Wivine Moleka a été pris en délibéré lors de l’audience du 4 février et le jugement va intervenir dans le délai légal.

Jusqu’où Vital Kamerhe et Wivine Moleka vont-ils aller dans leur bras de fer judiciaire qui, aujourd’hui, fait les choux de nombreux titres ? La question vaut son pesant d’or en ce moment où l’affaire vient de prendre un tournant décisif. La députée du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD) est plus que jamais déterminée à recouvrer sa dignité qu’elle estime bafouée. Elle est loin de digérer les récriminations que  le président de l’Union pour la Nation congolaise lui a faites (UNC) et contenues dans une correspondance que ce dernier avait adressée, dans la foulée des scrutins de 2011, aux observateurs des élections et aux différentes personnalités politiques et diplomatiques. Dans ce document choc, Wivine Moleka dont on connaît le niveau d’encrage sociologique et qui passe pour l’une des meilleures élues de sa juridiction,y est présentée comme fortement empêtrée dans la fraude électorale.

Elle tient à son honorabilité et veut amener Vital Kamerhe à démentir ses propos, à défaut d’apporter les preuves de ses allégations. L’affaire fait grand bruit. Dans les milieux intéressés, la démarche de Wivine Moleka est appréciée à sa juste valeur étant entendu qu’il y va de la réputation d’une dame en qui de nombreux Kinois s’identifient. Au cours de l’audience publique du mardi 4 février au tribunal de grande instance de la Gombe, ses avocats sont restés dans cette posture. Le réquisitoire du ministère public est même venu les réconforter dans leurs convictions. L’organe de la loi a, en effet, jugé établis « les éléments constitutifs des infractions d’imputations dommageables et dénonciations calomnieuses en fait comme en droit à charge du prévenu Vital Kamerhe ».

Face à la fronde du ministère public et du collectif d’avocats de Wivine Moleka, la partie incriminée a toutefois tenu à recadrer les choses. Se basant sur l’article 258 du Code civil qui dispose que le fondement d’une action civile vaut la réparation d’un préjudice, la défense pense que ce procès n’avait pas lieu d’être. Ceci pour la simple raison que la plaignante s’était déjà désister et qu’une somme de 7.000 dollars lui avait été versée à titre de réparation au préjudice subi. Un acte transactionnel aurait même été signé pour attester  cette renonciation. Des allégations balayées d’un revers de main par les avocats de Wivine Moleka qui soutiennent que leur cliente n’a jamais perçu cet argent. Les frais en question concernaient plutôt l’élaboration du projet de transaction et non la réparation des préjudices, ont-ils fait savoir.

Quête de dividende politique ?

C’est sur ces entrefaites sur fond de contradictions quant à la signification des fameux 7.000 dollars que cette audience a été  suspendue, les avocats de Vital Kamerhe ayant vidé la salle au motif que le procès était vicié au départ sur fond des idées préconçues. L’affaire a été prise en délibérée et le jugement va intervenir dans le délai légal. Les avocats de Vital Kamerhe pourraient éventuellement pourvoir en cassation s’ils n’obtenaient pas gain de cause dans ce premier jugement.   

Acharnement ? Quête de dividende politique ? Maints analystes voient dans la tentative d’arrangement à l’amiable entre les deux parties, une acceptation tacite par le président de l’UNC de sa bourde, ce qui ne sera pas sans conséquence sur sa crédibilité. Et lorsqu’on connaît ses ambitions politiques, il y a de quoi avoir quelques soucis. Au-delà de cette guéguerre, il y a l’ombre de la majorité présidentielle qui tient à en découdre avec l’ex-candidat président de la République en 2011 dont l’aura commençait quelque peu à gêner. Lâché par ses pairs de l’opposition et jouant sur sa survie politique, Vital Kamerhe a tout intérêt à user de tact et de sagesse pour un atterrissage en douceur de cette affaire. Le faire autrement en allant en choc frontal avec une Wivine Moleka plus jusqu’au-boutiste que jamais, serait suicidaire pour lui. Il se susurre qu’elle ne voulait pas en arriver là, mais qu’elle y est poussée à cause de l‘arrogance de Vital Kamerhe qui ne lui a jamais présenté les moindres excuses.  

Pour rappel, Wivine Moleka avait accusé Vital Kamerhe au tribunal de paix de Ngaliema pour imputations dommageables et dénonciations calomnieuses pour avoir, dans une lettre adressée aux observateurs des élections du 28 novembre 2011, affirmé qu’elle avait bourré des urnes à Mbudi et corrompu les agents électoraux affectés dans cette juridiction. Dossier à suivre.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Vital Kamerhe