Affaire nationalité : Moïse Katumbi menace de porter plainte contre le gouvernement congolais

Mercredi 25 Juillet 2018 - 17:48

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Eric-Dupont Moretti, avocat de l'ex-gouverneur du Katanga, a affirmé détenir une lettre du procureur de la ville de Milan qui atteste que son client n'a jamais été enregistré à l'état civil italien et, par conséquent, accuse les autorités congolaises d’avoir fait usage de faux en écriture.

Lors de son dernier discours sur l’état de la nation devant le congrès, le président Joseph Kabila avait indiqué que les Congolais avaient la latitude, au cours des prochains scrutins, de porter leur choix sur des compatriotes ayant rempli les conditions légales d’éligibilité. Maints observateurs ont vu dans ces propos une manière de tancer l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle mais qui demeure sous le coup des poursuites judiciaires. Une situation qui lui colle à la peau et risque d’hypothéquer ses chances de postuler à cette élection, pense-t-on. Mais dans le chef de l’intéressé, la lecture des faits est toute autre. L’entourage de Moïse Katumbi continue à faire valoir son éligibilité faisant fi des déclarations intempestives de la coalition au pouvoir qui soutient le contraire.

Eric-Dupont Moretti, avocat de Moïse Katumbi, est longuement revenu, le 24 juillet à Bruxelles au cours d’une conférence de presse, sur la candidature de son client à la présidentielle. Il estime que celle-ci est conforme aux lois du pays et à la loi électorale. Le fait que l’affaire des mercenaires a été repoussée et que celle de Stoupis est en appel balisent la voie à une candidature de Moïse Katumbi, a indiqué Me Eric-Dupont Moretti qui rajoute le démenti des autorités italiennes sur la prétendue nationalité italienne de son client. 

Donc, théoriquement, rien ne devrait empêcher Moïse Katumbi de rentrer dans son pays. À cet effet, l’avocat a affirmé détenir une lettre du procureur de la ville de Milan attestant que l'ex-gouverneur du Katanga n'a jamais été enregistré à l'état civil italien. Pour lui, le débat sur la nationalité de Moïse Katumbi devrait être close au regard de cette correspondance qui remet en cause toutes les allégations faites à ce sujet par les tenants du pouvoir. En foi de quoi, Éric Dupont Moretti menace d’ester en justice contre le gouvernement congolais qui, selon lui, aurait fait usage de faux en attribuant un faux document à la commune italienne de San Vito dei Normanni sur la nationalité italienne de l’opposant. Et d’ajouter : « Si Moïse Katumbi est arrêté lors de son retour en RD Congo, il s’agirait là d’une arrestation arbitraire ».

La correspondance brandie par Me Éric Dupont Moretti suffit-elle pour dédouaner son client par rapport aux charges qui lui sont imputées par la justice congolaise ? Cette dernière est-elle prête à lâcher du lest ? Pas si sûr. « Il peut rentrer au Congo quand il veut mais il devra se présenter devant un juge (…) Quand il rentre au Congo, il se retrouve dans la situation qui était la sienne au moment où il était parti », avait déclaré le ministre Alexis Thambwe Mwamba lors d'une rencontre avec les médias à Genève.

C’est tout dire quant à ce qui pourrait être l’attitude du pouvoir en place une fois que le leader d’Ensemble foulera le sol de la capitale congolaise. Un bras de fer entre la justice congolaise qui tient à la sauvegarde d’un Etat de droit et un leader politique qui, envers et contre tout, veut déposer sa candidature à la présidentielle, faisant ainsi fi des poursuites dont il est l’objet. Autorisé à se rendre à l'étranger pour subir des soins médicaux depuis mai 2016, l'opposant a été après condamné dans son pays à trois ans de prison pour une affaire immobilière. Il est en passe de comparaître devant la justice pour une affaire de recrutement présumé de mercenaires.   

Alain Diasso

Notification: 

Non