10ème Forum mondial sur le développement : Penser au-delà de l’aide internationaleJeudi 2 Avril 2015 - 11:50 Mercredi 1er avril, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a accueilli son 10ème Forum mondial sur le développement. L’édition 2015 est consacrée aux financements post-2015 pour un développement durable. La conférence de Paris est un prélude à la troisième conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra du 13 au 16 juillet à Addis Abeba et à la conférence d’adoption de l’agenda de développement post-2015 qui aura lieu les 25 et 27 septembre à New York. Les participants représentants de gouvernements, d’ONG, d’institutions internationales ont appelé à penser au-delà de l’aide publique au développement, jugée « non pertinente » par Grace Perez-Navarro, directrice du Centre de politique et d'administration fiscales de l’OCDE, pour s’atteler aux questions de politique fiscale internationale, aux accords commerciaux internationaux, à l’accès aux technologies, à la mobilisation des ressources nationales, ainsi qu’à la réduction des frais de transferts de fonds pour les migrants. Vers de nouveaux objectifs du développment durable Wu Hongbo, sous-Secrétaire général des Nations unies pour les affaires sociales et économiques, a salué les niveaux records d’aide publique au développement en 2013. En cette année faste, cinq pays ont même atteint l’objectif de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide internationale : le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, la Suède et l’Angleterre. Wu Hongbo a déploré que les Objectifs du millénaire de développement fixés en 2000 par les Nations unies, aient été votés sans définir de moyens de mise en œuvre. Le sous-Sécrétaire général a précisé que les objectifs de développement durable, qui seront adoptés en septembre à New-York seront universels et vont s’appliquer à tous les pays du monde. En face des besoins énormes de financement, le sous-secrétaire général a appelé de ses vœux la mise en place de nouveaux mécanismes, telles que la mise en place de fondations, permettant de sortir de la dépendance aux aides publiques. Ralava Beboarimisa, ministre de l’environnement de Madagascar a mis en place ce type de mécanismes innovants pour financer certains projets environnementaux : un Fonds commun fiduciaire a été mis en place avec des bailleurs dont les intérêts récoltés sur les marchés boursiers permettent d’investir. Kafaila Marah, ministre des Finances du Sierra Leone a rappelé que le programme de développement d’un pays ne peut être dicté de l’extérieur. Il a exprimé le souhait que les mécanismes à travers lesquels l’aide est distribuée changent, ainsi que la création de financements spéciaux pour les États fragiles. Partant d’exemples concrets vécus par son pays, durement frappé par l’épidémie à virus Ebola, le ministre a critiqué les pesanteurs des institutions financières internationales qui « ralentissent le développement ». Plaidoyer pour la réorientation de l'Aide publique La June Montgomery Tabron, présidente de la Fondation Kellog, a mis l’accent sur la part non négligeable de la philanthropie privée dans l’aide au développement, avec 16 milliards de dollars investis, soit 10% de l’aide publique au développement. « Nous pouvons prendre des risques que les gouvernements ne peuvent pas prendre, nous n’avons pas d’agenda politique, nous pouvons penser sur le long terme, et ne sommes pas soumis à des cycles » a expliqué La June Montgomery. Debapriya Bhattacharya, membre du Centre for Policy dialogue, a plaidé pour la réorientation de l’aide publique au développement du développement humain vers l’investissement et notamment pour qu’après le mois de septembre, 50% de l’aide soit dévolue au secteur productif y compris l’énergie et 50% à la réalisation des objectifs de développement durable. Grace Perez Navarro directrice du Centre de politique et d'administration fiscales de l’OCDE, a suggéré que plus que l’aide internationale, les pays en développement ont besoin de développer des systèmes fiscaux efficaces, afin de lutter contre les pratiques d’évitement fiscal des multinationales et contre la fraude, mais également de mieux gérer les mesures d’incitation à l’investissement par l’impôt. En effet, la fraude fiscale représenterait deux tiers des mouvements financiers illicites et 90% des investissements auraient lieu même en l’absence d’incitation fiscale. Imelda Nicolas, secrétaire de la Commission des Philippins de l’étranger, est revenue sur le rôle des transferts d’argent des migrants. Pour Imelda Nicolas, une mesure de réduction de 1% des frais de transferts d’argent pour les 234 millions de personnes habitant hors de leur pays d’origine, permettrait de libérer 40 milliards de dollars. Rose-Marie Bouboutou |