Afrique: 60 % des fonds d’investissement domiciliés hors du continent

Mardi 4 Mars 2025 - 21:58

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La révélation a été faite par une étude commandée par la Fondation MasterCard, estimant que derrière le pourcentage de 60%, un constat  s’impose : l’Afrique n’a pas su, se rendre incontournable.

Les investisseurs internationaux préfèrent des juridictions sûres avec des règles stables, des contrats respectés et des tribunaux prévisibles. Le Luxembourg, deuxième hub mondial de fonds avec 5000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, offre un modèle bien rodé. A l’inverse, beaucoup de pays africains souffrent d’une bureaucratie lente, de lois floues et d’instabilités macroéconomiques. Du coup, des marchés porteurs, notamment les Petites et moyennes entreprises (PME) ( 80% des emplois formels) peinent à trouver les financements nécessaires. Selon le rapport 2024 sur la domiciliation des fonds en Afrique, le déficit de financement des PME atteint 940 milliards de dollars.

Ce manque de fonds alimente un cycle vicieux : peu de financements, peu de croissance, peu d’attractivité. Néanmoins, l’Afrique n’est pas totalement absente de la carte. L’île Maurice, par exemple,  fait partie des hubs financiers reconnus, attirant 20 milliards de dollars d’investissements, grâce à des régulations claires, une fiscalité accommodante, et une stratégie assumée d’ouverture aux capitaux internationaux. L’Afrique du Sud abrite les fonds de pension particulièrement actifs. L’Asset Owners Forum of South Africa a mobilisé plus de 500 millions de dollars pour des projets locaux, grâce à un secteur financier robuste et des compétences solides. Le Rwanda, à son tour, joue la carte de la spécialisation. Avec Kigali International Financial Centre, le pays cible des niches comme la technologie ou l’impact social.

Un réveil nécessaire

Le reste du continent piétine. Le Nigeria, première économie d’Afrique, n’a toujours pas trouvé la recette pour attirer les fonds, malgré des actifs publics évalués à 43,6 milliards de dollars. La Côte d’Ivoire et le Togo, en Afrique de l’Ouest, tentent de se positionner comme des hubs régionaux, mais les avancées restent timides, malgré un fort potentiel. Les fonds de pension africains cumulent des centaines de milliards de dollars sous-utilisés, des ressources  qui pourraient devenir le moteur d’un renouveau économique si elles étaient orientées vers des PME, des infrastructures ou des projets d’innovation.

Changer la donne

Pour inverser la tendance, les pays africains sont appelés à simplifier leurs lois, sécuriser les contrats et mobiliser les capitaux locaux. Les Caisses nationales de sécurité sociale, Caisses des dépôts et consignations, Fonds de pension et Banques publiques de développement doivent devenir des leviers pour financer les PME, les infrastructures et l’innovation. Aujourd’hui, les fonds de pension africains pèsent plus de 600 milliards de dollars. D’ici à 2050, leurs actifs pourraient exploser à 7300 milliards de dollars. Une manne gigantesque, encore sous-utilisée, qui pourrait pourtant servir de levier pour attirer les capitaux privés en réduisant les risques perçus. A condition que la majorité des juridictions africaines cesse de rester dans l’ombre des grandes places internationales, laissant d’autres écrire l’avenir économique du continent.

Noël Ndong

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