Afrique du Sud : esquisse de la biographie de Nelson Mandela

Vendredi 6 Décembre 2013 - 14:12

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Le héros de la lutte anti-apartheid, qui avait fêté ses 95 ans le 18 juillet, avait été hospitalisé quatre fois depuis décembre 2012, pour des récidives d’infections pulmonaires. Tout porte à croire que ses problèmes de santé étaient liés aux séquelles d’une tuberculose contractée à Robben Island, au large du Cap, où il a été incarcéré pendant 27 ans, avant la fin de l’apartheid en 1994

Né le 18 juillet 1918 à Mvezo, dans l’ancien Bantoustan du Transkei, à l’est de la province du Cap-Oriental, en Afrique du Sud, Nelson Mandela est issu d’une famille de l’ethnie Xhosa, la deuxième en importance après les Zoulous.

En 1942, il obtient un diplôme en droit à l’université de Witwatersrand de Johannesburg et rejoint le Congrès national africain (ANC), parti modéré de la bourgeoisie noire créé en 1912. Il crée, avec Oliver Tambo qu’il avait rencontré à l’université de Fort Hare, le premier cabinet d’avocats noirs de son pays. En mars 1944, avec Oliver Tambo et Walter Sisulu, homme d’affaires de Johannesburg, ils créent la Ligue de la jeunesse de l’ANC (Youth League) dans le but de dynamiser le mouvement.

Admirateur de la pensée Gandhi, ce sportif chrétien poursuivra la politique de l’ANC visant l’émancipation des populations noires du joug colonial alors que l’apartheid n’était pas encore né. Il le sera en 1948 avec l’arrivée au pouvoir de Daniel Malan, mais à la même époque, les jeunes dirigeants de la Youth League s’emparent de la direction de l’ANC. Commence alors la longue lutte politique alors même que le pays se dote d’une législation ségrégationniste, l’apartheid.

Nelson Mandela s’illustre par l’organisation de campagnes de désobéissance civile. En 1950 se tient une manifestation contre l’assassinat de dix-huit Noirs et contre la loi qui bannit le communisme. L’année suivante, en 1951, l’ANC lance officiellement une campagne de défiance contre les lois iniques. En 1952, Nelson Mandela est arrêté pour la première fois et condamné à neuf mois de prison pour non-respect des lois de l’apartheid. Il est mis en liberté surveillée et la même année, le jeune avocat devient l’un des quatre vice-présidents de l’ANC.

Déterminé à lutter contre la politique de l’ANC, le gouvernement fait raser, le 9 février 1955, le quartier de Sophiatown, dans la banlieue de Johannesburg, qualifié de foyer de « rebelles anti-apartheid ». Ses habitants sont alors déportés vers une nouvelle ville, Soweto. En juin de la même année, l’ANC adopte sa Charte de la liberté, sorte de manifeste politique anti-apartheid. Ce qui vaut à Nelson Mandela et à plus d’une centaine de ses compagnons d’être accusés de trahison (un crime pouvant être sanctionné par la peine de mort), mais ils seront tous acquittés.

Une figure emblématique de la lutte anti-apartheid

Le 21 mars 1960 a lieu le massacre de Sharpeville : la police sud-africaine tire sur les manifestants dont 79 meurent le même jour. Après cet événement, l’ANC et Mandela abandonnent la non-violence et fondent une organisation militaire, Umkhonto we Sizwe (« lance de la nation »), pour mener la lutte armée contre le pouvoir.

En 1962, de retour d’un périple à l’étranger, Nelson Mandela est à nouveau arrêté et condamné à cinq ans de prisons pour incitation à la grève et déplacement illégal. Il est inculpé en 1963, avec d’autres leaders, de sabotage, trahison et complot. L’année suivante se tient un procès sur cette affaire et il est condamné avec sept de ses compagnons à la prison à vie. « J’ai condamné le racisme toute ma vie, je le combats aujourd’hui et je le combattrai jusqu’à mon dernier souffle », avait déclaré Nelson Mandela à l’issue de ce procès.

Il passe dix-sept ans à la prison de l’île de Robben, au large du Cap, où il attrape la tuberculose et est transféré en 1982 à la prison Pollsmoor. Au cours de ses années de détention, il refusera sa libération contre le renoncement public à la lutte anti-apartheid. En 1986, commence toute une série de rencontres avec les autorités, et avec le président Pieter Botha en personne, le 5 juillet 1989. À partir de 1988, il est placé en résidence surveillée, aux abords de la prison Victor Verster de Paarl.

Après avoir passé 27 ans et 190 jours en détention, Nelson Mandela sera remis en liberté le 11 février 1990. Son parti est légalisé et en 1991, il est élu président de l’ANC puis reçoit le prix Nobel de la paix conjointement avec le président De Klerk en 1993.

Le 27 avril 1994, Nelson Mandela devient le premier président noir élu par le Parlement après les élections générales multiraciales et pluralistes remportées à une écrasante majorité par l’ANC. Il est investi président le 10 mai de cette même année devant un parterre de 150 000 personnes et 5 000 invités, dont 42 chefs d’État. Il a dirigé l’Afrique du Sud de 1994 à 1999 et quitté la présidence de l’ANC en 1997 pour mettre sur orbite celui qui sera son successeur à la tête de l’État en 1999, Thabo Mbeki.

Après avoir annoncé publiquement, le 6 janvier 2005, le décès des suites du sida de son fils (Makgatho Mandela à l’âge de 54 ans), il se lance dans la lutte contre cette maladie.

 

Élevé au rang de patrimoine commun de l’humanité, Nelson Mandela demeure une personnalité mondialement écoutée au sujet des droits de l’homme. Il est salué comme le père d’une Afrique du Sud multiraciale et pleinement démocratique, même si le pays reste confronté à de graves problèmes d’inégalités économiques, de tensions sociales et de replis communautaires.

Nestor N'Gampoula