Art : la route de l’artiste en Afrique centrale

Cela pourrait être un carnet de voyages. 4 600 kilomètres en neuf jours, au cœur de l’Afrique centrale, voilà ce qui s’appelle tailler la route ! Tantôt en voitures légères ou en 4/4, tantôt en bus qu’il soit mini ou maxi, tantôt encore en moto, peu importe, l’important est d’arriver à destination. Pour Claver et Guy Narcisse, nos deux aventuriers, un leitmotiv : quitte à tailler la route autant que ce soit pour la bonne cause ! De fait, la cause est bonne, elle est surtout innovante : « Il s’agit de mettre en œuvre le projet RAAC (la Route de l’artiste en Afrique centrale) sous financement du programme ACP-UE Culture - Créer en Afrique centrale – un projet qui vise à faire une cartographie des acteurs culturels impliqués dans la circulation artistique et les circuits routiers en Afrique centrale. Ce projet va permettre aux professionnels et aux spectacles de circuler plus facilement, de pouvoir s’exporter et gagner en visibilité dans les pays de la sous-région. Les données que nous collectons seront disponibles sur un web-site dédié pour renseigner les artistes et les autres professionnels de la culture afin qu’ils utilisent la route qui est le moyen de transport le plus économique »,  explique Claver, directeur de l’Espace culturel Yaro, l’un des chefs de projet.

Sac sur le dos, voilà donc nos deux voyageurs partis de Pointe-Noire, traversant la forêt du Mayombe et jusque là, tout va bien. Un peu plus loin, ça se complique légèrement. Torturée par les grumiers, la route allant de Nianga à Ngongo s’avère être en cette saison des pluies un horrible bourbier qu’il faut parfois contourner par des pistes hasardeuses. «  On a cru plusieurs fois s’embourber, tomber en panne, on s’était préparé mentalement à dormir en pleine brousse, heureusement nous sommes arrivés peu avant minuit à Ngongo, près de la frontière gabonaise », se remémore Guy Narcisse, responsable administratif et financier de l’Espace culturel Yaro.

Le reste du périple n’aura été que bonheur et les bons souvenirs s’accrochent à la mémoire avec ce qu’il faut de piment à l’aventure comme cette nuit d’un court sommeil passée à la gare routière de Libreville, pour attraper un bus à 2 heures du matin ou encore d’avoir à payer des places « fantômes » pour remplir un taxi brousse afin de précipiter son départ vers Ntam, village situé dans la région du Haut-Nyong, à l’Est du Cameroun.