Bundu dia Kongo : Ne Muanda Nsemi se dit trahi par le pouvoir kabiliste

Après le lynchage dont il a été l’objet le 16 août dernier à Moanda alors qu’il menait une campagne en faveur d’une nouvelle transition politique censée ouvrir la voie à un troisième mandat de Joseph Kabila à la tête du pays, le leader de « Bundu dia Mayala » s’est vite rétracté. Revenu à la raison après avoir tiré les enseignements de sa mésaventure au Kongo central, le député Ne Muanda Nsemi vient de décider d’abandonner la politique active et de ne pas participer au dialogue en vue. Il a choisi les colonnes de « Kongo Dieto », le bulletin du parti, pour s’exprimer avec, en toile de fond, des sévères remontrances sur le pouvoir kabiliste qu’il tient pour responsable de ce qui lui est arrivé.

Ce gourou fait le constat selon lequel toutes les promesses qui lui ont été faites par le camp présidentiel n’ont jamais été tenues. Il s’agit notamment de la libération des adeptes de son mouvement politico-spirituel Bundu Dia Kongo qui continuent de croupir en prison  depuis près de cinq ans. Entre-temps, fait-il remarquer, son mouvement reste interdit d’activités et les dommages et intérêts, qui lui sont dus à la suite des tueries de ses adeptes en 2009 par les forces de l’ordre, sont restés lettre morte. Frustré et déçu par l’attitude du pouvoir en place qu’il déclare avoir sauvé du désastre, Ne Muanda Nsemi a pris l’option de se retirer du jeu politique laissant la charge du parti au député Mantezolo, qui en devient le président national.

Profitant de l’occasion, il a fait une mise au point sur les fameux deux millions de dollars que le président Joseph Kabila lui aurait donné après l’avoir reçu en juin dans le cadre des consultations prédialogue au palais de la Nation. « Le président Kabila, qui sait très bien qu'il ne m'a jamais donné un pareil montant d'argent, a préféré se taire, laissant ainsi au temps le temps de détruire ma popularité », regrette Ne Muanda Nsemi tout en alléguant que le régime Kabila n’a rien fait pour lui. Député de l'opposition, Ne Muanda Nsemi est resté un farouche opposant à Joseph Kabila après les élections présidentielle et législatives de 2006, avant d’en devenir le défenseur attitré après les consultations présidentielles d’avant dialogue.

Sa proposition d’une transition de trois ans pour préparer des élections crédibles en RDC, avec pour conséquence la prolongation du mandat de Joseph Kabila, a été perçue comme une trahison par ses nombreux adeptes qui ne se reconnaissent plus en lui. Sa dernière volte-face ne fait que confirmer le caractère versatile de ce pseudo-opposant en rupture de ban avec sa base.