Burkina : les nouvelles autorités seront-elles en mesure de pacifier le pays ?

Mercredi 22 Février 2023 - 16:45

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Après avoir renversé le colonel Paul Henri Sandaogo Damiba le 30 septembre dernier, le capitaine Ibrahim Traoré s’était donné pour objectif de « reconquérir » les quelque 40% du territoire burkinabè contrôlés par les djihadistes, mais les raids meurtriers attribués à ces forces négatives ne font qu’augmenter. Ces attaques se sont multipliées depuis le début de cette année, causant la mort de près de 200 civils et militaires. Et pour la première fois, des enlèvements en grand nombre ont été enregistrés.

Pour tenter d’enrayer la tendance négative, les nouvelles autorités ont lancé, peu après leur prise de pouvoir, une campagne de recrutement de supplétifs civils pour aider l’armée, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Enregistrés jusqu’à 90 000 sur des besoins de 50 000, ceux-ci payent aussi un lourd tribut à la lutte anti-djihadiste.

Tout récemment, les dirigeants burkinanè ont exigé le départ des forces spéciales françaises de Ouagadougou et entendent nouer de nouveaux partenariats « gagnant-gagnant » avec de nouveaux pays, dont la Russie. Cela s’explique en partie, selon des sources proches du gouvernement, par le fait que l’armée burkinabè serait sous-équipée : elle cherche à acquérir du matériel militaire auprès de n’importe quelle nation prête à lui en fournir.

En attendant, et au fil des mois ainsi que des années, les bilans des attaques s’alourdissent, en particulier dans le Nord malgré l’appui des mercenaires de la société russe Wagner à l’armée régulière. Pourtant, deux chefs d’Etat du pays ont déjà été chassés du pouvoir, accusés d’impuissance contre les djihadistes. Le 24 janvier 2022, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba avait renversé le président Roch Marc Christian Kaboré. Huit mois plus tard, soit le 30 septembre, il a été à son tour poussé vers la sortie par le capitaine Ibrahim Traoré.

En ce qui concerne les mercenaires de la société russe Wagner, les autorités continuent de démentir toute présence de ceux-ci, que les Occidentaux accusent d’être présents au Mali  également dirigé par des militaires issus de putschs et qui ont bouté les forces françaises de Barkhane hors de leur pays. Selon les autorités burkinabè, les Russes présents sur leur territoire sont des « instructeurs ». « Nous avons nos Wagner, ce sont les VDP  que nous recrutons. Ce sont eux nos Wagner », a affirmé début février l’actuel homme fort du Burkina Faso.

Selon un consultant en sécurité burkinabè, Mahamoudou Savadogo, au début de l’année 2022, il y avait « une moyenne de vingt à trente attaques par semaine ». « Aujourd’hui, on en est à trente ou quarante et le nombre de régions touchées a augmenté », a-t-il précisé. De son côté, le chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques, Jean-Marc Gravellini, note que les frontières facilitent « la présence de ces réseaux terroristes » au Burkina Faso car elles « leur permettent de se réfugier de l’autre côté du pays ». Il rappelle que certaines zones du pays ont des « niveaux de pauvreté importants avec une population jeune, désœuvrée, sans avenir ». « Les terroristes leur proposent une amélioration des conditions de vie au moins à court terme », a-t-il indiqué.

Malgré l’intensification des attaques djihadistes au Burkina, le chef de la junte militaire au pouvoir affiche sa « détermination » à combattre les insurgés qui ont tué, le 21 février, au moins cinquante et un soldats. « En dépit de la vigoureuse résistance et la riposte engagée par nos forces combattantes, nous enregistrons des pertes en vies humaines », a-t-il reconnu. « La lutte est âpre et le combat parsemé d’embûches. Mais notre sursaut patriotique et notre détermination restent intacts jusqu’à la victoire finale contre les groupes djihadistes », a assuré le président de transition.

Nestor N'Gampoula

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