Circulation routière : des automobilistes également à l’origine des embouteillages

Jeudi 19 Février 2015 - 12:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Difficile de circuler sur les avenues et artères de Brazzaville au nom des éternels embouteillages décriés mais auxquels on peine à trouver des solutions. De l’avis général, l’insuffisance et l’exiguïté des routes expliqueraient ce phénomène. Pourtant, le comportement des automobilistes, en général, et celui des conducteurs de bus de transport en commun, en particulier, doivent être indexés. Balade dans la ville.

C’est presqu’un principe chez les transporteurs de bus, arrivés aux arrêts pour débarquer ou embarquer des passagers, de rester stationner les uns derrière les autres, refusant de dépasser même lorsqu’un espace a été libéré devant. « Nous le constatons chaque jour aux arrêts de bus. Ce comportement gêne tellement la circulation car les autres usagers restent bloqués. Et cela cause des embouteillages inutiles », explique un Brazzavillois, lassé par l’attente d’un bus. 

Pour les conducteurs et « contrôleurs » de bus, cette attitude leur est dictée par des « clients », donc des passagers, qui refusent de suivre le bus placé au bout de l’arrêt, préférant s’entasser dans un coin. « Nous sommes des commerçants et nous faisons avec les caprices des populations », reconnaît Joël, un contrôleur de bus.

Le mauvais exemple à Thomas Sankara

Profitant des travaux d’agrandissement de la route nationale N°2, dans son tronçon Mikalou-Djiri, un espace a été aménagé le long du mur de clôture du lycée Thomas Sankara. Cette aire de stationnement peut contenir une trentaine de bus alignés, voire plus si deux rangées peuvent être créées. L’idée ici étant de réduire l’embouteillage qui est sans commune mesure sur ce tronçon, et surtout à cet endroit.

Pourtant, depuis, la réalité est tout autre avec des conducteurs de bus qui n’en font qu’à leur tête, refusant d’occuper la zone aménagée, appliquant leur « sacré principe mercantiliste » qui consiste à s’aligner à la queue leu leu, non sans gêner les autres usagers, et provoquant ainsi un embouteillage inutile.

Autre comportement à l'origine des embouteillages, et à charge contre les conducteurs de bus ou taxis, leur désormais culot de s'arrêter en milieu de la chaussée pour diverses raisons : faire monter ou descendre un client, chercher la "monnaie" auprès d'un collègue, sortir s'acheter un raffraîchissant dans une boutique ou simplement pour bavarder avec un collègue, etc. 

Police, au secours ! On viole le Code de la route

Ce comportement prend de plus en plus corps depuis que la police routière a vu ses missions réduites essentiellement à réguler la circulation et « plus jamais » à verbaliser les inciviques. On assiste désormais à un véritable jeu du chat et de la souris, car chaque fois que la police est absente, les conducteurs de bus règnent en « seigneurs de la route », au mépris des dispositions du code en la matière.

On le vit partout à Brazzaville  avec un pic au croisement des avenues Jacques Opangault et Reine Ngalifourou (Ouenzé). Ici, aux heures de pointe, c’est au plus « apte » et au plus « indiscipliné » des automobilistes de réussir le passage. D’où, cette violation « concertée » et continue de la règle de conduite telle que prévue au Congo : rouler à droite. « C’est désormais courant de voir des voitures prendre le sens contraire et se retrouver nez à nez avec celles venant dans l’autre sens. Où allons-nous ? », s’est plaint un observateur.  

À deux kilomètres de là, au croisement de l’avenue Reine Ngalifourou et la rue Étoumbi, une engueulade a failli dégénérer le 18 février à 9 heures. Boycottant le code de conduite, des automobilistes se sont coincé les voitures. Moteurs éteints, ils se regardaient en véritables chiens de faïence, se distribuant des qualificatifs à souhait. Imaginez le spectacle en l’absence d’un agent de la police routière, des feux de régulation ou des panneaux de signalisation !

Le pouvoir ayant horreur du vide, un citoyen qui s’était bien réveillé, ce jour-là, a dû jouer les médiateurs et régulateurs pour faire entendre raison aux uns et autres, décrisper l’atmosphère et, partant, libérer la circulation.

 

 

Jocelyn Francis Wabout

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Des bus bloquant la circulation à hauteur du lycée Thomas-Sankara... Photo 2 : ...alors qu'une aire de stationnement y a été aménagée