Congo/TIC : les plates-formes Open Data peu à peu incontournablesJeudi 19 Septembre 2013 - 18:44 L’écosystème Internet au Congo est en train de subir une réelle mutation avec le déploiement en cours du haut débit. Au nombre des outils indispensables de gestion et de diffusion de l’information, sur lesquels doit désormais reposer la société de l’information, figure l’Open Data (données ouvertes). Une démarche encore timide au Congo Le terme Open Data, littéralement « données ouvertes » ou « données libres » (au sens « libres de droits »), est utilisé pour désigner des données en libre accès et ouvertes à la réutilisation. Les administrations et institutions publiques collectent, traitent et conservent d’importantes quantités d’informations concernant les personnes, les entreprises, les collectivités, le patrimoine et leurs propres activités. Ces informations sont le plus souvent un moyen d’action et d’évaluation car elles permettent de gérer, d’organiser, de sensibiliser et d’évaluer les mesures prises. Depuis quelques années, la libération des données publiques à travers le monde, connaît un intérêt particulier dans le secteur public. L’initiative multiplie les mesures en faveur de davantage de transparence vis-à-vis des citoyens, et vise à satisfaire leur volonté de participer à la vie de la communauté et d’exercer leur droit à l'information. Connaître en effet l’existence des informations publiques disponibles et y accéder sélectivement en fonction des besoins, est devenu une préoccupation importante des sources économiques modernes. Mais, dans la plupart des pays africains, le Congo y compris, la démarche Open Data est encore embryonnaire. Certains organismes, à l’instar de l’Institut National de la Statistique (INS ex. CNSEE), le Journal Officiel et les Archives Nationales, font de cette activité leur objet principal. Parmi les données détenues dans cette sphère publique, certaines présentent un intérêt spécifique lié à la prospective ou à la pédagogie, d’autres ont une valeur économique et aideraient à la décision. Pourtant, ces informations stockées pour la plupart dans des conditions scabreuses, ne sont pas encore accessibles via des plates-formes numériques sécurisées et modernes. La consultation des documents parfois gratuite est encore assujettie à un déplacement ou à une délivrance physique de copie, quelquefois au prix de plusieurs sacrifices. L’accès à l’information publique est encore difficile. L’Open Data améliore le fonctionnement des services publics L’amélioration de manière générale du fonctionnement des services publics à travers l’e-gouvernement en cours d’adoption, devra prêter une attention particulière aux données libres et accessibles. Il est clair qu’au moment où l'on parle de plus de plus des procédures de dématérialisation, c'est-à-dire le remplacement dans une entreprise ou une organisation de ses supports d'informations matériels (souvent en papier) par des fichiers informatiques, les échanges de données numériques devront permettre une bonne occupation de la bande passante qui s’opère déjà avec la fibre optique. La démarche est bénéfique à tout prix. En dehors du fait qu’elle améliore la gouvernance et renforce la traçabilité, l’Open Data améliore les services pour les citoyens. La mise en place d’une stratégie politique et économique dans la démarche d’Open Data doit être clarifiée, estiment les experts. Cette stratégie appelle en effet une démarche de sensibilisation afin d'inciter les entreprises à œuvrer au développement économique lié à l’ouverture des données. L’un des enjeux majeurs de ce processus est la communication. Il semblerait qu’il existe un déficit de communication autour de l’ouverture des données, qui resterait souvent une affaire d’initiés. « Il s’agira de s’intéresser au processus dans son ensemble, de la mise à disposition des données à leur collecte ainsi qu’à leur diffusion par les producteurs, en passant par le rôle des intermédiaires pour rendre les données brutes compréhensibles », explique Alain Ndalla, expert en informatique. Il est donc clair qu’une action de communication auprès des éditeurs de logiciels, spécialistes ou amateurs des TIC, chercheurs, journalistes, politiques, est à déterminer. Un autre point majeur à soulever est la formation. Car le risque d'inégalités, tant dans l'accès à l'information que dans l'accès aux sites et à la connaissance des nouvelles technologies, aggraverait la fracture numérique. S’inspirer du projet Open Data de la BAD La Banque africaine de développement (BAD) a lancé, le 13 mars 2013, un projet d’Open Data pour 20 pays africains dont le Congo (Afrique du Sud, Algérie, Cameroun, Cap-Vert, Éthiopie, Ghana, Malawi, Maroc, Mozambique, Namibie, Nigéria, Rwanda, République Démocratique du Congo, Sénégal, Sud-Soudan, Tanzanie, Tunisie, Zambie et Zimbabwe). Le programme de plates-formes Open Data fait partie de l’initiative « Autoroutes de l’information » récemment lancée par la BAD afin d’améliorer, de manière notable, la gestion et la diffusion des données en Afrique. Les travaux se poursuivent afin de compléter et d’étendre ces plates-formes à l’ensemble des pays africains d’ici la fin 2013. Ce projet Open Data sera un outil facile à utiliser, qui permettra d’extraire les données, de créer et de partager ses propres rapports personnalisés, ainsi que de visualiser les informations liées à des thématiques, à des secteurs ou à des pays, sous forme de tableaux, de graphiques et de cartes. Pour le Congo, par exemple, des données sont accessibles sur le site de la BAD : http://rcongo.opendataforafrica.org/ Grâce à cette plate-forme Open Data, les usagers pourront accéder à un large éventail de données sur le développement des pays africains, recoupées à partir d’une variété de sources officielles, internationales et nationales. La plate-forme facilitera également la collecte, l'analyse et la mutualisation des données entre les pays et avec les partenaires internationaux au développement. Elle offrira à une variété d’utilisateurs, tels que les décideurs, experts, chercheurs, chefs d'entreprises et investisseurs du monde entier, l’opportunité unique d'accéder à des données fiables et actualisées sur l’Afrique.
Quentin Loubou |