Coopération sino-congolaise : l'ancien diplomate Claude Ernest Ndalla évoque les liens de solidarité et d’amitié entre les deux États

Jeudi 20 Février 2014 - 16:45

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Au moment où le Congo et la Chine s’apprêtent à célébrer, avec éclat, les 50 ans d’établissement des relations diplomatiques qui lient les deux pays depuis 1964, l’ancien ministre et ambassadeur du Congo en Chine, Claude Ernest Ndalla (mars 1969-février 1970), retrace l’histoire et place les 50 ans à venir dans la continuité des liens de solidarité. Interview exclusive.

Les Dépêches de Brazzaville : Le Congo et la Chine célèbrent le 22 février, le cinquantenaire de l’établissement des relations diplomatiques des deux États signé en 1964. En tant qu’ancien diplomate, avez-vous une idée sur les raisons qui ont conduit à la signature de ces accords de coopération ?

Claude Ernest Ndalla : À mon avis les raisons de ces accords tirent leur origine de notre passé commun. La Chine a connu le colonialisme et le néo-colonialisme de même que le Congo. Je pense que c’est sur la base de ce passé commun et sur la base d’un idéal de progrès social que la Chine et le Congo sont parvenus à signer ces relations amicales et de solidarité. La relation entre les deux pays commence le 15 août 1963. Le Congo quitte le groupe des pays qui étaient attachés au néo-colonialisme, pour adhérer au groupe des progressistes. Ce changement de courant politique poussera le Congo à changer d’horizon. Ainsi découvrerons-nous la Chine populaire. Dès le mois d’octobre de la même année, la Chine va envoyer un émissaire au Congo pour prospecter là où devra être construite sa représentation diplomatique. Entre décembre et janvier, des délégations du Congo visitent la Chine populaire. À l’issue de ces contacts, les deux pays signent, le 22 février 1964, les accords d’établissement des relations diplomatiques. Lesquelles seront fondées sur le respect mutuel, la non-mixtion dans les affaires intérieures des pays, des avantages réciproques et le respect de l’intégrité territoriale des États contractant les relations diplomatiques. Le premier ambassadeur du Congo en Chine se nommera Alphonse Bayonne.

LDB : Au moment où les deux États s’apprêtent à célébrer cet anniversaire, quel est votre souhait quant à l’amitié sino-congolaise ?

C.E.N. : Je souhaite la réussite de ce jubilé d’or. Que les cinquante ans qui viennent apportent encore davantage à la solidarité et l’amitié entre les peuples congolais et chinois. Je souhaite également que nous continuions à résister aux pressions occidentales qui voient d’un mauvais œil les investissements chinois en Afrique et au Congo, car cela leur fait des marchés en moins. Le monde avance à grande vitesse. Il faut changer la façon de percevoir la Chine. Le Congo doit avancer dans la solidarité, dans l’amitié avec les peuples du monde parmi lesquels le peuple chinois. La Chine respecte la souveraineté et l’indépendance du Congo, ne lui faisant pas d'injonctions pour lui dicter la voie à suivre.

LDB : Pouvez-vous nous dire les raisons qui ont prévalu à votre nomination d’ambassadeur du Congo en Chine ?  

C.E.N. : J’ai été en Chine pour la première fois en 1961 alors que j’étais encore étudiant. Je suis reparti pour la deuxième fois en 1963 et en 1964 avec le groupe de danse folklorique Ballet Dia bua. J'y suis retourné en 1966 à l’occasion de la conférence des écrivains Afro-asiatiques sur le Vietnam. En 1969, j'y suis allé cette fois-ci en tant que diplomate. Certes le hasard n’existe pas mais ce n’est peut-être pas la condition essentielle. Après le mouvement du 31 juillet 1968, le président du Congo de cette époque avait jugé mieux d'envoyer en Chine quelqu’un qui connaissait déjà la Chine et qui pouvait mieux expliquer ce qui c’était passé le 31 juillet 1968, qui avait causé la chute du président Alphonse Massamba-Débat et la montée de Marien Ngouabi. Je crois que ma connaissance antérieure de la Chine a prévalu à ma nomination de troisième ambassadeur du Congo dans ce pays.

LDB : Quel souvenir vous a-t-il le plus marqué pendant votre séjour de diplomate en Chine ?

C.E.N. : J’en ai eu plusieurs, pas seulement en tant que diplomate mais depuis mon premier voyage en Chine. Je me souviens avoir vu le président Mao Zedong nager à Hu Han, j’ai vu aussi la montée fulgurante de Li Mpiao et son désaveu, j’ai également assisté à la bataille de la révolution culturelle en 1966 à Pékin. Enfin, je me souviens avoir rencontré le plus grand architecte de la puissance chinoise.

Tiras Andang

Légendes et crédits photo : 

Claude Ernest Ndalla (© DR)