Couleurs de chez nous : MatabicheMardi 6 Juin 2017 - 21:00 Voici un mot jadis très célèbre dans la bouche des Congolais. Jadis célèbre ? Oui, parce que de plus en plus peu usité. Donc, en voie de disparition. Mais ce mot que les Congolais croient leur est bien présent dans le dictionnaire français. On peut résumer les définitions que l’on y trouve à ceci : « Un mot masculin qui tire son origine d’Afrique centrale. Il vient de l’Angola. A partir d’une inflation linguistique sur le portugais parlé dans ce pays. Matabiche signifie pourboire ou pot de vin». Dans la pratique, quand un Congolais fait un achat, selon la quantité commandée ou le coût versé, il exige, non sollicite, le « matabiche », donc : un cadeau pour ne pas dire un ajout. Pour trois, quatre, cinq ou dix kilos de viande, de riz ou d’haricot achetés, le Congolais ou la Congolaise demande au vendeur de lui ajouter quelques grammes. Les enfants aussi sont rentrés dans ce jeu. Quand les parents les envoient acheter quelque chose ou leur commandent une tâche, ils exigent en retour un « cadeau » de quelque nature que ce soit. Il peut s’agir d’un bonbon, d’une sucette, d’une pièce de monnaie (25 francs par exemple), etc. De fil en aiguille, les hommes qui ne se satisfont jamais de rien sur le plan sentimental, considèrent les petites-sœurs de leurs femmes comme des « matabiches ». Une attitude dictée d’ailleurs par la coutume qui voulait qu’en cas de décès d’une femme au foyer, sa petite-sœur la remplace pour s’occuper des enfants devenus orphelins. La mayonnaise prenant, certains ont en usé et abusé. Dans la Sangha, un département dans le Nord du Congo, la petite-sœur de l’épouse s’appelle «Dissa ». Ici et là, au Congo, tant que cette petite-sœur n’est pas mariée, elle est tacitement la femme de l’homme qui a épousé sa grande-sœur. Autres temps, autres mœurs, dit-on, ces réalités sont désormais obsolètes car, avec l’émancipation, les femmes refusent d’être des « matabiches » des époux de leurs grandes-sœurs. Si bien que certains nostalgiques et conservateurs payent de leur éthique et image chaque fois qu’ils essayent de lorgner par –dessus le corsage des petites-sœurs des femmes ou d’avoir un regard appuyé sur une zone non autorisée de ces dernières. Pour revenir au « matabiche », et au-delà des interprétations, on peut déduire que la pratique témoigne du degré de solidarité des Congolais entre eux. Un communautarisme qui ne dit pas son nom. Pourtant que le « matabiche » n’est pas sollicité et qu’il vient du vendeur, cela s’appelle récompenser le client fidèle. Une forme de marketing comme on le vit actuellement
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