Couleurs de chez nous: polygamieVendredi 31 Août 2018 - 21:11 Une réalité millénaire et qui a cours jusqu’à nos jours. Une réalité que le Congo a aussi héritée et qu’il pratique, parce qu’inscrite dans ses lois au point que la question est officiellement posée aux mariés par l’officier d’état-civil lors de la consécration des unions. S’il est vrai que certaines sociétés ont déjà banni la polygamie, d’autres, comme les nôtres, continuent de l’observer. Mais, avec le temps, les choses semblent avoir évolué et la polygamie n’est plus vécue dans sa plénitude et non plus dans toute son extension. Hier, l’homme pouvait faire cohabiter ses deux ou trois épouses dans la même maison quand ils vivent en ville ou dans la même concession dans le cas des ruraux. Un calendrier admis par les épouses permettait à l’homme d’alterner ses couches sans qu’une seule de ses protégées n’émette un seul son. De façon générale, l’harmonie régnait dans la famille et, souvent, la première épouse avait de l’entregent sur la petite communauté. Mais il arrivait aussi que l’on assiste à des rixes et disputes. Voire : à une éternelle rivalité entre les femmes au point de pourrir la vie à l’homme, aux enfants et, partant, au voisinage. Tel est le revers et l’enfer de la polygamie ! De nos jours, la polygamie n’est plus ouvertement pratiquée et rares sont les époux qui l’acceptent publiquement devant « Monsieur le maire ». « Non ! J’opte pour la monogamie », répondent-ils courageusement. Une déclaration qui, souvent, suscite quelques rires étouffés car le public invité n’est pas dupe et comprend qu’il s’agit pour ces candidats au mariage de soigner leur image. Parce qu’en effet, dans la pratique, on les retrouve dans des postures de polygames non déclarés avec une femme dans un quartier donné de la ville ou, pour les nantis, dans une autre ville. Les consciences corrompues y voient de l’infidélité, passagère, alors qu’il y a là un acte avéré et consommé de polygamie. Cette crainte qu’ont les hommes d’afficher leur polygamie traduit le niveau d’épanouissement de la femme actuelle contrairement à celle d’hier. Celle d’aujourd’hui tolère tout et pardonne tout sauf de la faire cohabiter avec « l’autre ». Certes impuissantes devant cette réalité millénaire, héréditaire et culturelle, les femmes y adhèrent sans cœur. Et les hommes y vont à pas calculés. Le sujet n’est pas tabou mais l’aborder publiquement est souvent sans issue. La force de l’éducation classique ou la puissance des prêches sont restées sans impact sur la conception des hommes dont la stratégie, au Congo, est celle de la déconcentration. Une stratégie qui réussit car certaines femmes vivent des années de bonheur avec leurs époux sans jamais soupçonner leur « polygamie ». D’ailleurs même pas leur infidélité ! Sans défendre ou condamner la polygamie, avouons que comme toutes les réalités sociales et comme toute coutume, seul le temps qui passe arrive à leur ôter la substance qui les fait résister. En plus : dans une société où l’éducation est variée, codifier certaines pratiques est pure gageure. Il nous suffit d’observer notre attitude face à certaines mesures. Le cas de l’interdiction faite de fumer en public ou de l’usage des sacs en plastique. Vous avez compris : le combat est long. Van Francis Ntaloubi Notification:Non |