Couple mixte : Richard et Belvegie assument leur amour au grand jourVendredi 2 Août 2019 - 13:47 Mbama Richard, autochtone de 37 ans, et Mikelé Tchimanou Belvigie, bantu âgée de 26 ans, ont bravé les interdits au grand dam de leur entourage pour vivre leur amour au grand jour. Un amour qui a été consolidé par la naissance d’une petite fille.
« On ne choisit pas qui on veut aimer, mais c’est le cœur qui nous guide », a fait savoir Richard qui, à son tour, a subi toutes sortes de réflexions dues à ses origines. « L’union entre homme autochtone et femme bantu est difficilement acceptée par nos communautés, ce qui signifie que l’amour seul ne suffit pas, il faut être fort dans sa tête pour ne pas succomber à leurs pressions », a souligné Richard qui n’arrive pas à comprendre cette animosité du bantu à l’égard des autochtones. « Même les Blanches aujourd’hui se marient avec les Noirs», a-t-il déclaré en colère. À plus d’une heure de Sibiti, Ngonaka est un village paisible ou autochtones et Bantous cohabitent plus ou moins bien. S’ils utilisent les mêmes forets, les mêmes écoles et parlent la même langue, les autochtones ont toujours autant de mal à s’intégrer car beaucoup de Bantous les considèrent comme leurs esclaves et les mariages mixtes sont toujours tabous au sein des communautés. En effet, si les parents de Belvegie ne se sont pas opposés à leur union, son entourage, quant à lui, n’y est pas allé par le dos de la cuillère comme l'a témoigné Richard : « Je crois que c’est le destin qui nous a réunis pour montrer à nos communautés qu’en amour il n’y a ni de race ni de couleur». Victimes de préjugés non fondés, les couples qui osent comme Richard et Belvegie ont dû se battre contre vents et marées (rigidité des familles et de l’entourage, difficultés à faire cohabiter les croyances), faire fi aux attaques extérieures pour consolider leur union face aux pressions de leur entourage. Leur vie n’est toujours pas un long fleuve tranquille. Rien ne présageait Belvegie à s’unir avec Richard il y a deux ans. Ils se rencontrent pour la première fois à Mossendjo et, dès lors, les deux tourtereaux deviennent inséparables. Si leurs amis ont du mal a accepté leur liaison, leurs parents leur donnent leur bénédiction. « C’est Richard qui m’a soigné alors que j’étais gravement malade. ce sont mes parents qui l’ont appelé puisqu'il est guérisseur », a fait savoir Belvegie qui a su, dès les premiers instants, que Richard serait l’élu de son cœur. « Quand il a commencé à me faire la cour, je n’ai émis aucune réticence », a-t-elle ajouté. Les deux tourtereaux décident très vite de vivre au grand jour leur amour, chose qui heurte certaines personnes de leur entourage dont les amis de Belvigie qui décident de ne plus la fréquenter. « Le plus dure dans cette aventure, c’est quand des personnes proches vous humilient», a témoigné Belvegie qui est heureuse de voir quelques couples mixtes se former. Moutou Raissa, femme d’un certain âge, a affirmé : « Des jeunes couples osent vivre au grand jour leur amour avec ou sans le l’approbation de leurs parents, mais ce n’est pas facile .» Aussi, si Belvegie a réussi a dépassé ces clivages culturels, Richard reste sur ses gardes. « Les Bantous ne sont pas encore prêts à voir des couples mixtes, notamment femme bantou et homme autochtone. Et à l’allure où vont les choses, je crains que nos enfants continuent de subir les mêmes discriminations » a fait savoir Richard qui rêve de convoler en terrain neutre comme au Gabon car « là-bas au moins les mentalités ont évolué.» Annette Kouamba Matondo Légendes et crédits photo :Richard et Belvegie avec leur fille Notification:Non |