Dialogue national : Léon Engulu invite à une lecture correcte de la résolution 2098

Mercredi 16 Septembre 2015 - 17:30

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Dans une réflexion de haute facture intellectuelle intitulée: « Vers un dépassement technique », le Coordonnateur adjoint du Mécanisme National de Suivi invite la classe politique congolaise à une lecture correcte de la résolution 2098 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies, le 28 mars 2013.

Cette résolution onusienne demande, à son point 14, « au Représentant spécial pour la République démocratique du Congo de s’acquitter, au moyen de ses bons offices », d’un certain nombre des tâches. Il s’agit, entre autres, de « promouvoir un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes congolaises en vue de favoriser la réconciliation et la démocratisation et encourager l’organisation d’élections provinciales et locales crédibles et transparentes ». C’est sur cet alinéa que se cristallise l’analyse de cet ancien conseiller politique du ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda. Il estime, à juste titre, que le quiproquo qui règne depuis un certain temps autour du dialogue tant attendu résulterait d’une mauvaise compréhension de la littérature diplomatique.

Dans une approche pédagogique, ce cadre de la majorité présidentielle livre la bonne perception de la résolution 2098 en la restituant dans son vrai contexte.   Décortiquant les termes de la disposition susdite, Léon Engulu précise d’emblée qu’il appartient bel et bien au Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies de s’acquitter « aux moyens de ses bons offices », de la promotion du dialogue politique « entre toutes les parties prenantes congolaises ». Et d’indiquer que cette mission de bons offices évoquée dans la résolution 2098 devra être effectuée par le Représentant spécial en RDC, et en l’espèce par Martin Kobler ou éventuellement par son prochain remplaçant. Il lui est simplement demandé de « rendre possible l’ouverture de contacts et pourparlers entre les parties sans traiter le fond de l’affaire ».

Haro sur les Missi Dominici

Lançant un pic à l’opposition qui, selon lui, a tort de penser que le Représentant spécial Kobler doit diriger les débats du dialogue, Léon Engulu précise que ces bons offices ne doivent aucunement être interprétés comme une mission d’ingérence dans les affaires intérieures de la RDC. Le cadre étant bien verrouillé, les missi dominici délégués par le pouvoir dans le but de convaincre les parties prenantes de participer au dialogue, n’ont donc pas leur place, leur intervention n’étant pas prévue par les termes de la résolution 2098. Cette mission de bons offices qui pourrait durer une quinzaine de jours devrait, ajoute-t-il, « s’achever par la remise d’un rapport au Secrétaire général des Nations Unies et au Président Joseph Kabila, garant constitutionnel du bon fonctionnement des institutions ».                  

Expliquant avec maestria les concepts « bons offices », « médiation » et « facilitation », Léon Engulu est d’avis que la mission de bons offices qui est attendue du Représentant du Secrétaire général de l’ONU n’est pas une mission d’arbitrage qui repose sur le consentement des parties et peut aboutir à des sanctions. « Ce qui est demandé au Représentant spécial de Ban Ki Moon, c’est d’aller vers les uns et les autres, dans une absence totale de suspicion en raison de sa nature de messager des Nations unies, pour inviter les parties à discuter autour de ce qui est recommandé, à savoir la réconciliation et la démocratisation et spécialement l’organisation des élections provinciales crédibles et transparentes », précise-t-il.     

Parlant du dialogue tel qu’il se conçoit à la lecture de la résolution 2098, il doit porter sur la démocratisation et l’organisation d’élections provinciales et locales crédibles, note Léon Engulu. Et cette crédibilité entraine un certain nombre d’actions pouvant avoir pour conséquences la nécessité de ce qu’il appelle un « dépassement technique » de la durée des mandats présidentiels et législatifs, cela, nonobstant les rappels pressants de la communauté internationale pour l’organisation de ces scrutins en 2016 comme prévu suivant les termes de la constitution. Et de préciser sa pensée en ces termes : « Fondamentalement, le dépassement technique des mandats présidentiels et législatifs ne résultera pas de manœuvres politiciennes, mais d’actions qu’il faudra mener de toute évidence, avec le soutien et l’accompagnement de la communauté internationale ».

Non à un glissement politique

Tel est, d’après Léon Engulu, l’esprit de la résolution 2098 pour que les prochains scrutins soient crédibles. D’où, pense-t-il, toute tentative de « glissement » politique sera dangereuse et chimérique. Pour lui,  le dialogue tant attendu « ne sera possible que dans l’esprit de la résolution 2098 et si les parties prenantes conviennent pour l’intérêt supérieur de la nation, qu’un dépassement technique des mandats présidentiels et parlementaires reste une possibilité à examiner sans arrières pensées politiciennes, dans l’intérêt de tous, le temps de bien faire les choses ».

Concluant sur cette problématique, il martèle : « l’idée d’un dépassement technique des mandats présidentiels et parlementaires qui résulteraient de la crédibilisation indispensable des élections provinciales et locales dans le cadre d’un découpage territorial maitrisé sera encouragé par les partenaires et bailleurs si les résultats dans la mise en œuvre des réformes préparées avec leur appui, par le Comité Exécutif du Mécanisme National de Suivi et adopté par son Comité de Pilotage le 12 septembre 2014, sous la Présidence de Joseph Kabila, sont rapidement probants, notamment les indicateurs relatifs à la réforme du secteur de la sécurité, la promotion du développement économique, la santé, l’éducation, la démocratisation, la réconciliation et la tolérance ».

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Léon Engulu

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