Diplomatie : Kigali, en perte de vitesse !

Mercredi 19 Mars 2025 - 9:22

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Alors que le conflit à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) s’aggrave, l’Union européenne vient d’imposer des sanctions contre certains responsables congolais et rwandais.

Thierry Mariani, député européen, revient sur la décision, son impact et les enjeux qui entourent la position de Bruxelles face à la crise en RDC. Selon lui, Bruxelles a mis du temps à reconnaître officiellement l’implication du Rwanda et du M23 dans l’occupation et le pillage d’une partie de la RDC. « Même l’ONU a fini par l’admettre dans une résolution. La vraie question, c’est pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? » souligne-t-il, avant d’évoquer une « sympathie » de l’UE pour le Rwanda qui a longtemps bénéficié d’un traitement de faveur. L’UE a notamment interdit toute transaction avec Gazebo Gold Refinery, principale raffinerie utilisée par le Rwanda pour commercialiser les minerais provenant de la RDC.

Le député européen se dit sceptique quant à l’impact immédiat de ces sanctions mais considère qu’elles envoient un message clair à Paul Kagamé : « Vous êtes démasqué. Si vous voulez retrouver votre image, vous devez quitter la RDC ». Certaines voix estiment que les sanctions annoncées juste avant les pourparlers entre Kinshasa et le M23 ont conduit à leur échec. Pour Mariani, cette analyse est erronée : « Le M23 est un groupe terroriste soutenu par le Rwanda. La souveraineté d’un pays n’est pas négociable ». Il insiste sur le fait que la communauté internationale ne peut plus ignorer cette réalité. En février 2024, Bruxelles et Kigali ont signé un accord pour garantir un approvisionnement en matières premières pour l’UE. Thierry Mariani estime que cet accord a contribué à alimenter la guerre.

Il explique : « Cet accord ne garantit rien. J’espère qu’il ne sera plus appliqué, même s’il n’a pas encore été officiellement dénoncé ». L’ancien ministre n’exclut pas de nouvelles sanctions visant directement le président rwandais. « Quand la Russie a attaqué l’Ukraine, nous avons sanctionné les dirigeants russes. Aujourd’hui, tout le monde sait qui est derrière ce conflit. Si le pillage et les meurtres continuent, il faudra sanctionner le grand instigateur – et tout le monde sait où il se trouve ».

La question est de savoir si l’UE prendra des mesures plus fermes contre le Rwanda.  Il faut espérer que l’évolution du conflit à l’Est de la RDC apportera des éléments de réponse dans les prochaines semaines.

Noël Ndong

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