Dossier : Elles font la fierté de la musique congolaise

Samedi 18 Avril 2015 - 10:23

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Elles ont toutes un point en commun : la musique (rap, soul, salsa ou world musique). Sheryl, Oupta, la Tigresse, Nteko, Noura Patch et Sonia Bled sont devenues au fil des ans de véritables stars dans le paysage musical congolais. Ces divas, évoluant pour certaines en solo, d’autres au sein d’un groupe, se sont révélées au grand public par leur talent, leur personnalité, mais aussi par la chaleur qu’elles dégagent sur scène. Des styles et des personnalités que nous vous invitons à découvrir.

 

Sheryl Gombo: (Rap, soul)

Sheryl Gombo se livre difficilement si ce n’est sur scène où elle rayonne littéralement. Sa voix veloutée, forte avec des inflexions de groove lui donne très rapidement le titre de Diva dans la catégorie du Nu Afro Soul, une identité musicale qui est devenue sa marque de fabrique. En effet, dès les premières heures sa carrière, Sheryl a conquis les cœurs des mélomanes congolais par la fraîcheur et l’authenticité de ces morceaux. Autres atouts de la chanteuse, ses déhanchements qui font déchaîner des sifflements et clameur admiratifs du public lors de ses prestations.  Le « Nu Afro Soul », concept créé par la chanteuse est alors un melting pot de rythmes alliant rythmes traditionnels du Congo et ceux des diasporas afro-américaines, caribéennes et d’ailleurs. Découverte lors du FESPAM (Festival panafricain de musique), initié par le gouvernement congolais, Sherryl a immédiatement séduit le public au travers de sa musique métissée issue de son premier album dénommé « Lemoyassa ». Un album (produit entre l’Afrique, les USA et l’Autriche) à l’image de l’artiste, jeune et ouverte sur le  monde. Très appréciée dans l’univers hip-hop, la  musique de Sheryl est à la croisée des chemins ; auteur compositeur et interprète, elle chante aussi bien en lingala (langue nationale congolaise), mbochi (langue de la Cuvette dans le Nord-Congo) qu’en français. Elle a son actif, plusieurs titres : « Essi dia », « Lemoyassa » ou encore « Baninga bassi », qui ont caracolé en tête des hits-parades nationaux.  En outre, elle a conjointement collaboré avec Passi, (célèbre artiste rap franco congolais) et a défendu les couleurs du Congo pour le prix RFI 2008 où elle a été finaliste.

 

Oupta (world Music)

Séparée du célébrissime groupe Lang’ I  qui lui a ouvert les portes de la scène, Oupta  prend désormais ses marques en solo. Tache pas aisée reconnaît Patricia Moungondo de son vrai nom, qui a du mal à se débarrasser de l’ombre de son ancien groupe. Mais tant bien que mal, la  jeune artiste est bien décidée à prendre les rênes de son destin musical en main.

Aussi ne rate t-elle pas elle une occasion de se produire, histoire de se réaccoutumer avec la scène et surtout son public. Une nouvelle naissance pour l'artiste avec mise en lumière de son talent au profit de la cause féminine et de l’environnement. « La femme doit être protégée car c’est elle qui enfante, éduque les enfants, c’est elle qui tient les rênes de son foyer » a fait savoir l’ancienne sociétaire du groupe Lang’I. Si la notoriété ne l’a pas lâchée d’un pouce, le succès quant à lui n’a pas été au rendez-vous ces trois dernières années. Toutefois son dernier titre Bilo bilo met fin à certaines rumeurs annonçant le retrait de l’artiste des podiums.

Les cheveux au vent, l’artiste arbore un look vestimentaire « roots », prônant un retour aux racines et donc à la nature. Dans Bilo-bilo, sa voix forte et suave plonge immédiatement le mélomane vers les profondeurs de la vie : chants d’oiseaux, bruissements des feuilles, bref, toute la magie de la forêt y est subtilement concoctée pour une belle échappée musicale.

Et ce n‘est pas un hasard car  Bilo bilo, son dernier titre est une hymne à la  forêt. « La chanson parle de la préservation de la nature et Bilo bilo est un esprit qui me parle à travers ma voix », a indiqué la jeune femme qui s’engage tout autant dans la lutte faite à l’égard des femmes car, dit elle, « de la même manière que l’homme dégrade la nature au quotidien, c’est de la même manière que la femme est maltraitée dans le monde », a fait savoir l’artiste. Grâce à ces prestations, ça et là, sur les scènes nationales, Oupta a définitivement cloué le bec de ses détracteurs et pour couronner le tout, elle est devenue pour beaucoup d’adolescentes la « grande  sœur » que l’on imite volontiers. De plus, sa générosité a fait d’elle l’une des chanteuses congolaises des plus accessibles. Nominée lors de la deuxième édition des MTV Africa Awards 2009, dans la catégorie « Ma vidéo », à Nairobi, au Kenya, Oupta soulignait à cette occasion « que la culture est un moyen efficace de faire la promotion d’un pays. Un idéal que les autorités congolaises ne partagent pas car la politique culturelle au Congo ne favorise pas toujours cette expansion».  Pourtant l’artiste  reste optimiste et déclare « seule la lutte libère ».Une maxime qui lui donne du zèle et la  pousse à aller de l’avant. Née dans une famille d’artistes, avec un oncle griot et deux frères musiciens, Oupta à découvert le chant à l’église

 

La Tigresse

Cette artiste a longtemps été la figure incontournable dans le groupe Sos Salsa. Gypsy Mbani de son vrai nom a marqué les esprits depuis ses débuts : vêtue d’une mini jupe, des talons aiguilles elle virevolte et se trémousse avec une telle élégance sur les rythmes de la salsa. Elle a su imposer ses marques en participant activement à l’épanouissement de cette grande famille, tous anciens étudiants rentrés de Cuba. 

«  Quand on travaille dans le milieu des hommes, il faut savoir se faire respecter, ne pas seulement servir de poupée de scène pour être reléguée au second plan une fois le coup de théâtre est passé, mais avoir une tête bien faite pour se défendre en cas de pépins ». C’est certainement  ce qui lu a valu le nom de la tigresse car prête à défendre ses intérêts. La musique, elle l’a dans la peau puisqu’elle ne s’imagine pas vivre sans la scène.

« Avoir des convictions dans la vie, les garder fermes, ne pas se laisser influencer et avancer tant que l’on peut. En fait, une réussite que l’on a construite avec ses propres efforts est mieux savourée car on sait qu’on l’a méritée», a indiqué cette dernière. Désormais seule dans sa barque, elle navigue vers de nouveaux rythmes sans abandonner sa traditionnelle tenue de scène composée notamment de sa mini jupe et des talons aiguilles, des accessoires qui  électrisent  ses fanatiques.

 

 

Nteko

Douce et réservée, Nteko, la vingtaine, explose sur la scène musicale. Sa sélection à la finale du prix RFI 2013 a marqué un tournant significatif dans la carrière de la jeune fille. Une artiste confiante et prête à braver les vents et marées pour être au top. Indéniablement, Nteko chante avec son cœur. Elle n’a pas besoin de fournir de gros efforts puisque la musique coule dans ses veines.

C’est à l’église qu’elle a forgé ses premières armes dans la chanson. Elle est repérée et soutenue par un de ses grands-frères qui lui fait rencontrer en 2012 Claude Kouloufoua, guitariste du groupe Lang’I. Elle lui soumet ses textes et mélodies et la magie musicale s’installe entre ces deux musiciens. Finaliste du Prix Découvertes RFI 2013, cette distinction présage de bons augures pour son premier album nommé, « Cri » cofinancé par une trentaine de producteurs grâce à la production participative nommée (Likelemba Zik), concept initié par Keben. Même si le prix Rfi ne lui est pas attribué, cette sélection lui ouvre des nouvelles portes.

Elle participe à une série d’événements musicaux et effectue une tournée française où l’album est bien accueilli. La musique de Nteko  allie  sa culture kongo (où elle use avec une incroyable sagesse les adages de sa culture) mais s’ouvre aussi au monde car la jeune fille chante aussi en français et en lingala. Accompagnée de deux guitares acoustiques et de percussions créatives, son album « Cri » incise et dissèque la société congolaise avec beaucoup de pudeur et d’humilité. Invitée à présenter son répertoire à Pointe-Noire dans l’espace Basango Octobre 2014, Nteko continue de se produire sur les scènes congolaises et est toujours en coulisse prête à affronter la scène puisqu’elle elle sait que dorénavant son cheval de bataille sera sa capacité à séduire un nouveau public chaque fois qu’elle mettra les pieds sur les planches. Enfin en attendant de la retrouver en concert, on croise les doigts en lui souhaitant le meilleur. Artiste à suivre...

 

Sonia Bled devenue Sonia Saigne: «  Je voudrais que ma musique soit un remède pour ceux qui ont les cœurs meurtris »

Après un moment d’absence au niveau de la scène congolaise passée à s’occuper de sa fillette, Sonia Bled devenue Sonia Saigne  a retrouvé son inspiration. En effet, après le triomphe de son premier album sur le plan national, la chanteuse nous parle de son album nommé Millénium. Entre hip hop,  R& B, rumba congolaise, l’artiste aurait pu faire un album standard, mais elle a préféré revenir à ses racines. Elle nous parle de ses débuts dans le show biz, et de ses ambitions.

Parlez-nous de vos débuts dans le show biz ?

J’ai commencé à chanter à l’âge de 13 ans. À 15ans j’intégrais le groupe Coté Gauche de mon ami Kooling qui sera ensuite baptisé Secteur M. Puis sous le label de X Race nous avons sorti notre maxi single « Miroir » en 2005.   

Pourquoi cette longue absence des scènes nationales ? 
Entre temps, j’ai eu  un bébé et il fallait bien que je m’en occupe. Maintenant qu’elle a grandi, je peux tranquillement me replonger dans mon travail sans trop m’inquiéter .

Est-ce que la maternité a changé Sonia ? Ce changement évident a t-il  une influence sur  votre travail en  cours ? 
Assurément. Mon répertoire à subi quelques motivations. De Sonia Bled,  je passe à Sonia Saigne. Je ne suis plus la jeune fille d’il y a quelques années. Aujourd’hui j’évolue seule et j’ai envie de donner à ma musique une autre image. Il ne faut pas que je parte chanter à l’étranger et que le public ait l’impression d’écouter une Française. Ce CD est un retour aux sources, plusieurs sonorités de chez moi, notamment la rumba flirte merveilleusement bien aux sons de rap et R & B. Ce n’est pas un changement radical mais une innovation. La musique est comme un océan on n’y trouve de tout : le sel, l’eau, les poissons, les plantes … C’est ce que j’ai voulu faire ressortir dans cet album parce que  je voudrais que  ma  musique édifie les hommes sur l’amour, l’amitié mais aussi sur certains problèmes plus cruels comme les enfants de la rue, le sida…. Bref, je veux que ma musique soit un remède  pour les cœurs meurtris.  
  
Quelles sont vos ambitions ? 

Être la plus grande partie de mon temps sous les feux de rampe. J’ai envie d’être en contact permanent  avec mon public. Je vais me produire un peu partout dans la ville, j’ai aussi des concerts prévus à Kinshasa et  en Afrique de l’Ouest très prochainement.  

Noura Patch

Noura Patch est considérée comme  la  voix mélancolique et chaleureuse de la rumba féminine congolaise. Malgré son talent et ses belles compositions telles que Maman chanson en hommage à sa mère (et de toutes les mères) ou encore Mé Ngombélé qui signifie «  je suis perdue », la Diva n’a pas encore d’album au niveau  du paysage musical congolais, faute de moyens financiers. Elle s’est produite dans plusieurs pays africains et aux USA grâce au Groupe Pella Yombo (GPY) de Beethoven Yombo Pela  lors des soirées  nommées « la nuit du Congo….. ».

Les divas Amazones

Elles s’appellent Sheryl Gambo, Noura Patch, Sonya Bled et Gypsy (la tigresse) patronne de la formation musicale le 242. Leur histoire commune commence dans des circonstances peu conventionnelles, il y a plus de cinq ans, lors des funérailles de la défunte première dame du Gabon, Edith Lucie Bongo, fille du président de la République du Congo Denis Sassou N'Guesso. Une chanson d’hommage réunit ces quatre artistes qui évoluent toutes en solo. En effet, malgré les circonstances peu réjouissantes de leur union, l’idée est plaisante, puisqu’elle permet à cette « girls band » nommé Divas Amazones de bâtir un orchestre occasionnel pour animer pendant des soirées ou encore projets  en hommage  à la cause féminine. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

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